Une méthode innovante pour évaluer le comportement des abeilles

Contexte / Enjeux
L’Itsap-Institut de l’abeille en partenariat avec l’INRAE a développé une méthode appelée « test de retour à la ruche » pour évaluer le comportement des abeilles domestiques soumises à de faibles doses de produits phytopharmaceutiques. Ce test est reconnu par la communauté scientifique et validé à l’OCDE depuis 2021.

Les insectes pollinisateurs sont indispensables à l’activité agricole. L’usage des produits phytopharmaceutiques peut présenter une menace pour leur santé. L’Itsap-Institut de l’abeille a développé et validé officiellement une méthode d’évaluation du comportement de retour à la ruche des abeilles, basée sur la technologie RFID (Radio Frequency Identification). L’équipe de Testapi SAS (Olivier Mamet et Claire Molitor, directeurs d’étude en écotoxicologie), utilise en routine cette méthode pour alimenter les dossiers d’homologation des produits phytopharmaceutiques avant leur mise sur le marché. « Concrètement, les abeilles sont équipées de puces RFID, elles sont soumises ou non à des faibles doses de produits en consommant une solution sucrée. Et nous observons l’impact de ces produits sur leur orientation, en mesurant à partir d’un point de relâché, combien d’individus reviennent à la ruche. »
Une méthode reconnue gage de crédibilité
La validation officielle de ce test a constitué une avancée majeure pour l’évaluation du risque de toxicité des produits sur les abeilles, assure Olivier Mamet : « Les agences d’évaluation prennent des décisions éclairées grâce à cette méthode fiable et reproductible. En plus d’être utilisateur, nous sommes l’un des laboratoires européens partenaires de l’aventure pour l’approbation officielle du test au côté de l’Itsap-Institut de l’abeille. Notre capacité à pouvoir proposer ce test en routine témoigne de notre crédibilité et contribue à notre compétitivité. » Le test apporte par ailleurs des réponses sur le terrain quant à l’impact des teneurs résiduelles en produit auxquelles les abeilles sont exposées pendant leur activité de butinage. Des butineuses impactées qui ne reviennent pas à la ruche finiront par mourir hors de la colonie, et ces pertes peuvent affecter la dynamique ou la survie de la colonie. En plus de contribuer à l’évaluation des produits, ce test enrichit la compréhension du fonctionnement des colonies d’abeilles. In fine, il nourrit la connaissance sur les systèmes de culture vertueux pour la préservation des insectes pollinisateurs.


ABOUTISSEMENT DU TEST DE RETOUR À LA RUCHE ET APPROBATION À L’OCDE
« Il aura fallu environ seize ans entre les premiers travaux de développement méthodologique, initiés en 2006 pour répondre aux questions des apiculteurs sur leurs ruchers, et l’aboutissement avec l’approbation à l’OCDE. Pour être validée, la méthode a été testée par un consortium d’une dizaine de laboratoires européens volontaires pendant cinq ans. Cette étape a aussi permis d’intégrer des améliorations techniques pour aboutir à une méthode fiable, robuste et reproductible d’un pays à l’autre. En 2021, le test a été validé comme méthode OCDE. Cela signifie qu’elle répond à un besoin réglementaire et qu’elle est applicable dans tous les pays mettant en oeuvre des tests abeilles pour évaluer le risque lié aux produits phytopharmaceutiques. »
Les financeurs du travail de développement et de validation officielle du test de retour à la ruche :

Retrouvez cet article dans la publication « Innovons ensemble pour nourrir demain » réalisé en partenariat avec Réussir. Vous y trouverez aussi :
- Des chiffres clés pour mesurer l’impact collectif du réseau des instituts techniques agricoles
- Cinq innovations phares issues du réseau racontées par celles et ceux qui l’utilisent sur le terrain
- Une interview de Julien Denormandie, qui souligne le rôle structurant des instituts techniques dans les transitions agricoles