Une boussole multicritère pour évaluer la durabilité des élevages

Contexte / Enjeux
L’Institut de l’Élevage (Idele) a développé un outil d’évaluation environnementale et d’appui technique aux filières d’élevage. Lancé en 2014, l’outil Cap’2ER se déploie dans l’Hexagone et en Europe.
L’évaluation de la performance environnementale des exploitations agricoles est un gage de viabilité technico-économique.

En dix ans, un peu plus de 48 000 diagnostics Cap’2ER ont été réalisés en France. L’Idele met à la disposition des exploitants et des industriels agroalimentaires, un outil d’évaluation de la performance environnementale des exploitations afin d’engager les filières dans une démarche de progrès. Véronique Laby, éleveuse et sélectionneuse en race limousine à Brignais dans le Rhône, a réalisé un diagnostic il y a deux ans : « il était important d’appréhender objectivement l’impact environnemental de mon élevage sur mon territoire, car je suis sans cesse interpellée par les consommateurs. Par ailleurs, une telle démarche permet de prendre conscience des marges de progrès ».
Un outil sur lequel s’appuie aussi l’aval de la filière. C’est le cas de Nestlé France dans le cadre de sa démarche Ferme laitière bas carbone. « Ce programme concerne 100 millions de litres de lait, soit environ 170 exploitations. Nous finançons le diagnostic Cap’2ER de niveau 2, l’évaluation, l’accompagnement et le suivi des éleveurs(1). Un bonus financier est aussi garanti à l’éleveur engagé dans ces démarches de progrès », explique Béatrice Marie-Le Gall, directrice de l’approvisionnement durable chez Nestlé France.
(1)Cap’2ER permet une évaluation et un suivi des performances selon deux niveaux : le premier agrège environ 35 données et permet un autodiagnostic rapide en trente minutes ; le niveau 2 compte environ 250 données et permet une analyse plus fine afin de construire un plan d’action dans une démarche de progrès.
58 % des émissions compensées
Chez Véronique Laby, le résultat a été à la hauteur des espérances. « Ce diagnostic a permis de mettre en évidence que mon exploitation compensait 58 % des émissions. Autrement dit, mon système extensif tout à l’herbe, apporte des effets positifs sur l’environnement et la biodiversité du territoire. Ce diagnostic m’a aussi permis d’améliorer certains critères technico-économiques. » Le déploiement de tels outils s’inscrit dans une démarche de progrès collective. « C’est un référentiel utile pour convaincre que la performance environnementale contribue à la viabilité économique des exploitations. En tant qu’industriel, nous assumons notre rôle d’accompagnement des producteurs dans cette période de transition », conclut Béatrice Marie-Le Gall.


UNE AVENTURE MULTIFILIÈRE ET EUROPÉENNE
« Initialement développé pour les élevages bovins, l’outil Cap’2ER a été déployé pour les petits ruminants (ovins, caprins), volailles et désormais les productions végétales (grandes cultures notamment). Le périmètre s’est élargi dans le cadre du consortium Carbone qui fédère l’ensemble des instituts techniques agricoles pour partager des références, des modèles et des méthodologies. Cap’2ER fait aussi des émules au-delà des frontières dans le cadre de projets européens. L’outil est en perpétuelle évolution. Le prochain chantier est de le rendre interopérable avec d’autres outils techniques mobilisés dans les exploitations et de renforcer la partie liée au stockage de carbone, en lien notamment avec l’Ademe, l’agence de la transition écologique. »
Retrouvez cet article dans la publication « Innovons ensemble pour nourrir demain » réalisé en partenariat avec Réussir. Vous y trouverez aussi :
- Des chiffres clés pour mesurer l’impact collectif du réseau des instituts techniques agricoles
- Cinq innovations phares issues du réseau racontées par celles et ceux qui l’utilisent sur le terrain
- Une interview de Julien Denormandie, qui souligne le rôle structurant des instituts techniques dans les transitions agricoles