Tous les ingrédients pour réussir son projet de micro-maraîchage bio

Contexte / Enjeux
Le paysage agricole s’enrichit d’une dynamique d’installation de personnes non issues du milieu agricole, sur des micro-fermes maraîchères. Quelles sont les clés de réussite et les points de réflexion ? Le réseau MMBIO, porté par l’Itab, vise à acquérir des connaissances technico-économiques utiles et utilisables pour les porteurs de projets et leurs accompagnateurs.

La micro-ferme maraîchère fait partie des systèmes les plus plébiscités pour les installations hors cadre familial, car elle mobilise a priori peu de capitaux financiers et fonciers. Ces systèmes, qui incarnent une forme de relocalisation de la production agricole, manquent de repères technico économiques, ce qui fragilise l’accompagnement des porteurs de projets et peut être source d’échec. C’est sur ce constat qu’est né le réseau MMBIO-Microfermes maraîchères biologiques porté par l’Itab (Institut de l’agriculture et de l’alimentation biologiques) et de nombreux partenaires.
Une expérience collective à partager
Quentin d’Hoop, maraîcher dans les Landes sur 4 100 m², est partie prenante de MMBIO. « Ma ferme correspondait à la typologie des micro-fermes du réseau, (< 1,5ha, certifiée AB, circuit court, plus de 3 ans d’existence, CA annuel de 45 000 euros). La construction de modèles résilients et porteurs d’avenir doit suivre des approches ascendantes. Je pense, en effet, que c’est un processus vertueux de partir du terrain et de capitaliser sur ces acquis pour donner des perspectives objectives. » La force de MMBIO repose sur le partage de données tangibles et transparentes afin d’identifier en toute objectivité les facteurs de réussite et d’échec. Il n’y a pas de trajectoire unique, chaque projet d’installation est singulier car dépendant de données plus ou moins maîtrisées par le porteur de projet. Les acquis du réseau MMBIO doivent servir à alimenter en amont le temps de la réflexion. Quentin D’Hoop capitalise aussi sur le réseau pour nourrir son expérience : « L’écosystème agricole est un équilibre fragile et dynamique, c’est important de se nourrir du réseau pour trouver l’inspiration et l’émulation, ou tout simplement trouver les réponses à certaines impasses techniques à travers les guides, les séminaires et le partage d’expérience. Ce partage permet d’être dans une dynamique de progrès collectif, condition sine qua non pour essaimer et construire un avenir meilleur », conclut le maraîcher.


ÉTUDIER, ACQUÉRIR ET VALORISER LA CONNAISSANCE
« Le réseau MMBIO s’est structuré en 2019. Des travaux de thèse(1) avaient conclu à la viabilité des fermes biologiques maraîchères à petite échelle (< 1,5 ha) mais les travaux faisaient le constat d’un manque de références technico-économiques pour accompagner les porteurs de projets, conseillers et formateurs. L’identification et l’étude de 42 micro-fermes ont permis d’acquérir des repères robustes et de les valoriser en différents livrables. Ce réseau a pour ambition de s’étendre pour enrichir le volet social et d’aller encore plus loin dans les acquis techniques, car ce type de maraîchage implique une maîtrise des techniques d’intensification de culture comme la densification ou l’association de cultures. »
(1) Viabilité des micro-fermes maraîchères biologiques. Une étude inductive combinant méthodes qualitatives et modélisation. Kevin Morel. Thèse de doctorat en sciences agronomiques. Université Paris-Saclay. 2016
Retrouvez cet article dans la publication « Innovons ensemble pour nourrir demain » réalisé en partenariat avec Réussir. Vous y trouverez aussi :
- Des chiffres clés pour mesurer l’impact collectif du réseau des instituts techniques agricoles
- Cinq innovations phares issues du réseau racontées par celles et ceux qui l’utilisent sur le terrain
- Une interview de Julien Denormandie, qui souligne le rôle structurant des instituts techniques dans les transitions agricoles