Évaluer l’empreinte carbone pour cultiver la durabilité des vignobles

Contexte / Enjeux
L’Institut français de la vigne et du vin (IFV) a doté la filière viti-vinicole de l’outil GES&VIT. Cet outil contribue à l’accompagnement des viticulteurs dans la réduction de leur empreinte carbone. Il permet de réaliser un état des lieux des postes d’émission de gaz à effet de serre et d’élaborer des plans d’action de réduction.

L’atelier viticole, de la production à la récolte du raisin, représente environ 20 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) du secteur. Dans le cadre de la stratégie nationale bas-carbone (SNBC), le secteur agricole doit réduire de 46 % ses émissions par rapport à 2015 à l’horizon 2050. « Afin d’accompagner nos clients, nous utilisons cet outil GES&VIT capable d’analyser finement les émissions liées à chaque étape de l’itinéraire technique et d’appréhender la capacité des exploitations viticoles à stocker du carbone », témoigne Alix Guigon, consultant climat et agriculture chez Greenflex, entreprise spécialisée dans l’accompagnement de la transition environnementale et sociétale des entreprises. « La réalisation d’un état des lieux précis est nécessaire à la compréhension et l’appropriation des enjeux sur le terrain », précise-t-il.
Des bénéfices à tous les étages
L’outil permet aussi de comparer différentes conduites de la vigne, de simuler des trajectoires de progrès, et d’opérer des choix stratégiques sur le plan technico-économique. Savoir que la combustion de GNR (gazole non routier) est une source d’émissions est une chose, quantifier à quel moment de l’itinéraire elle est la plus impactante, en est une autre pour agir, identifier les leviers de réduction de gaz à effet de serre. Alix Guigon tient à rappeler qu’un outil tel que GES&VIT participe pleinement au pilotage technico-économique des exploitations, car il aide à la mise en place de pratiques en phase avec les besoins agronomiques et la rentabilité des entreprises. Opérer la transition agro-écologique est gage de pérennité pour les exploitations sur le moyen terme par exemple, à travers l’accès à des prêts bancaires bonifiés ou des MAEC(1). « Aussi, ce type d’outil est une réponse aux attentes sociétales en devançant l’évolution des cahiers des charges des clients (exports et grande distribution). La création de valeur environnementale et sociétale est indéniable », précise le responsable. Les développements à venir de GES&VIT vont faciliter encore son déploiement pour engager l’ensemble de la filière dans des démarches vertueuses de réduction des émissions de GES et de stockage de carbone dans les sols et les végétaux.
(1) Mesures agro-environnementales et climatiques : contrats de 5 ans pour les fermes engagées dans le développement de pratiques alliant performances économique et environnementale.


DIGITALISATION ET INTEROPÉRABILITÉ POUR FACILITER LE DÉPLOIEMENT
« L’outil GES&VIT a été lancé en 2022. Il s’agit de proposer à la filière une méthodologie standardisée et commune, facile d’accès et d’utilisation. L’outil s’adresse principalement aux conseillers de chambres d’agriculture et conseillers indépendants dans leurs missions d’accompagnement des domaines viticoles et entreprises de la filière (caves coopératives, négoces). Les conseillers utilisateurs sont formés afin de bien comprendre les enjeux et de réaliser les diagnostics en totale autonomie. Nous avons souhaité que l’outil ait une échelle d’analyse suffisamment fine au niveau de l’itinéraire pour identifier des leviers d’action pertinents. Dans les mois à venir, l’interface va évoluer vers une plateforme digitale et il sera interopérable avec d’autres applications numériques afin de faciliter son accès et son déploiement. »
Retrouvez cet article dans la publication « Innovons ensemble pour nourrir demain » réalisé en partenariat avec Réussir. Vous y trouverez aussi :
- Des chiffres clés pour mesurer l’impact collectif du réseau des instituts techniques agricoles
- Cinq innovations phares issues du réseau racontées par celles et ceux qui l’utilisent sur le terrain
- Une interview de Julien Denormandie, qui souligne le rôle structurant des instituts techniques dans les transitions agricoles