Contexte / Enjeux

L’agriculture française est confrontée à une réduction progressive des substances actives phytopharmaceutiques (SA) autorisées. Une tendance qui s’accentue depuis cinq ans en lien avec l’amélioration des connaissances en matière d’impacts sur la santé et l’environnement, l’évolution du cadre réglementaire européen, l’apparition de résistances, et face à cela, la difficulté pour les firmes à identifier de nouveaux modes d’action chimiques.

Parmi les quelques 500 substances autorisées au niveau européen, un certain nombre voient leur fin d’approbation approcher sans garantie de leur renouvellement. Pour certains usages, cela conduirait à des impasses techniques sans précédent pour les filières en matière de protection des cultures.

Les instituts techniques agricoles ont renforcé leur posture proactive dans le soutien des filières végétales en participant activement au PARSADA (Plan d’Action Stratégique pour l’Anticipation du potentiel Retrait des Substances Actives et développement d’alternatives), lancé officiellement en 2024.

Ce dispositif innovant et unique en Europe, axe majeur du plan Ecophyto 2030, a pour objectif de prévenir les impasses techniques causées par le potentiel retrait de certaines substances actives en agriculture. Il soutient, avec des moyens inédits, des projets de recherche, de développement et de déploiement de solutions répondant à ces situations.

PARSADA

Une approche « problem solving » co-construite en partenariat avec les filières et les instituts techniques agricoles

Le PARSADA repose sur une approche de « résolution de problèmes », co-construite avec chaque filière et les instituts techniques, articulée autour de 4 étapes clés :

  1. Diagnostic et identification des impasses potentielles ;
  2. Priorisation des usages agricoles concernés ;
  3. Analyse des solutions existantes et besoins en R&D ;
  4. Rédaction de plans d’actions pour couvrir ces besoins via les projets candidats.

Cette approche s’appuie sur les succès des expériences antérieures comme le PNRI Betterave et le plan de sortie du Phosmet.

Les filières ont ainsi identifié les usages qui seraient les plus impactés par ces potentiels retraits. Elles ont pu mettre en avant les usages prioritaires en fonction de leur importance technique et économique. Pour chacune des priorités identifiées, des plans d’actions ont été construits collectivement par les membres de chacune des filières, en identifiant des voies concrètes de développement.

Bilan et perspectives de la première vague du PARSADA

PARSADA

En 2024, la première vague de plans d’actions (1 à 2 par filières) a suscité un fort engouement :

  • 135 lettres d’intention, présentant des premières pistes de projets
  • 50 projets candidats, dont 40% portés par les instituts techniques agricoles (ITA).
  • 28 projets lauréats au 31/12/2024 dont 50% portés par un ITA et 70% impliquant au moins un ITA comme partenaire financé
  • Des projets d’envergure, pouvant atteindre 7,5 millions d’€ de subvention pour des durées allant jusqu’ à 5 ans

Le PARSADA mise sur des projets d’ampleur explorant un éventail de solution alternatives qui combinées permettraient une gestion satisfaisante et compétitive des bioagresseurs en l’absence de substances actives.

En 2024, ce sont 143 M€ qui ont été engagés par le Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire au titre de la planification écologique.

Le lancement d’une seconde vague de plan d’action est attendu en 2025 avec de nouvelles problématiques à anticiper.

Des solutions innovantes pour faire face aux impasses 

Les Instituts Techniques Agricoles (ITA) explorent l’ensemble des niveaux des stratégies de protection intégrée des cultures. Cela commence par les mesures agronomiques, telles que le choix du matériel végétal et les rotations culturales.

  • Exemple : le projet SAVOIR, porté par l’IFV, vise à rendre opérationnel le ramassage des feuilles en vigne pour réduire drastiquement les inoculums de black-rot et de mildiou en viticulture. Cette approche s’inspire des travaux menés sur la tavelure du pommier. 

Pour gérer les bioagresseurs dans les parcelles, les ITA développent pour chaque filière une panoplie de leviers comprenant : méthodes physiques, lutte biologique et utilisation produits de biocontrôle ainsi que l’optimisation de l’usage des produits phytopharmaceutiques non menacés de retrait.

  • Exemple : le projet Solad-FL, porté par le CTIFL, concentre une partie de ses efforts sur les nouvelles technologies de désherbage mécanique pour la gestion des adventices en cultures maraîchères. Le projet ambitionne, par exemple, de rendre opérationnelles les méthodes de désherbage par laser, vapeur et micro-ondes. 

Ces leviers alternatifs sont souvent à efficacité partielle et plus sensibles aux conditions climatiques. Les ITA sont donc mobilisés pour concevoir des stratégies de combinaison de leviers associant ces leviers éprouvés.

  • Exemple : le projet Gramicombi, porté par Terres Inovia, ambitionne d’accélérer le développement d’outils d’aide à la décision pour prévoir les effets des combinaisons de leviers et accompagner les producteurs dans la prise de décision. 

En effet, un axe majeur du dispositif est celui du transfert et de l’appropriation de ces innovations par les agriculteurs pour répondre dans un laps de temps court aux impasses. Les ITA prévois des efforts important en communication à destination des producteurs, de la formation initiale, etc.

  • Exemple : le projet PARICI en Bio, porté par l’ITAB, mise sur des living labs rassemblant l’ensemble des acteurs des filières (de l’amont à l’aval) pour assurer, grâce à l’appui des filières, un déploiement massif des stratégies de lutte contre les maladies en agriculture biologique sans recours au cuivre. 

« Toute impasse est inacceptable pour le monde agricole. La volonté de maintenir la souveraineté passe par le maintien des moyens de production, en ce sens, le PARSADA est une initiative bénéfique. La méthodologie « PARSADA » a permis de mettre en place un véritable lieu d’échange et de partenariat entre le monde professionnel, la recherche académique, la recherche appliquée, les acteurs économiques et l’administration. Les moyens financiers inédits déployés par le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire doivent permettre d’identifier des solutions opérationnelles, connectées aux préoccupations des agriculteurs et économiquement viables. »

Jean Marc Schwartz ARVALIS

Jean-Marc Schwartz
Président d'ARVALIS

La synergie entre recherche académique et technique 

La collaboration entre chercheurs et experts techniques permet d’assurer un partage de compétences et d’expérience pour répondre aux besoins des filières. L’INRAE mène des projets transversaux avec les Instituts Techniques Agricoles (ITA) et ces travaux permettent de compléter les recherches menées au sein d’autres projets portés, cette fois, par les ITA. Un bon exemple de cette synergie est le projet PARAD (Pour Anticiper, Innover et Accompagner la transition agroécologique de la gestion des adventices), qui se concentre sur les méthodes de désherbage et inclut 9 instituts techniques agricoles.

Le rôle clé de l’Acta et des instituts techniques agricoles dans la gouvernance du PARSADA

Afin d’assurer une cohérence globale et favoriser les synergies, le PARSADA se dote d’une gouvernance et d’une animation particulières reposant en partie sur l’Acta – le réseau des instituts techniques agricoles :

  • L’Acta co-préside le Comité Scientifique et Technique (CST) avec l’INRAE. Le CST a pour mission principale l’instruction scientifique et technique des lettres d’intention et des projets déposés. Il assure en particulier la cohérence des projets avec les objectifs du PARSADA et le lien aux plans d’action.
  • Pour chaque filière, une Cellule d’animation constituée par un ou plusieurs instituts techniques agricoles assure un appui à l’ingénierie de projet et une cohérence d’ensemble des projets pour répondre aux plans d’action.

Contacts :

Direction Générale
Mehdi Siné
Directeur Général
06 88 02 20 85
Direction Scientifique, Technique et Numérique
Marianne Sellam
Directrice Scientifique et Technique
06 76 94 48 87
Pôle Protection intégrée des cultures - One Health
Baptiste COUPERY
Chargé de mission Comité scientifique et technique PARSADA