« Les couverts végétaux. Un atout majeur pour réduire les intrants de synthèse et augmenter les services écosystémiques au vignoble »
“ Les Entretiens Vigne et Vin en Languedoc Roussillon – L’azote, de la vigne au chai ”
Si la mise en œuvre de cette pratique est parfois délicate sur le terrain, les couverts végétaux peuvent apporter de multiples bénéfices à l’agriculture, la société et l’environnement et sont voués à se développer en agriculture.
Que ce soit en mode de production bio ou conventionnel, les couverts végétaux, bien insérés dans les stratégies, contribuent à l’amélioration de la durabilité et aux performances des agrosystèmes.
Les couverts végétaux fournissent des services écosystémiques, cependant la complexité des interactions entre la biodiversité et les pratiques agricoles rend nécessaire leur évaluation. Cette expertise est développée au sein des instituts techniques agricoles qui accompagnent les agriculteurs vers plus de durabilité et de performances de leur agrosystème.
Ces ressources sont accessibles depuis l’espace thématique « Mobiliser les plantes de services » au sein de la plateforme web GECO de la Cellule RIT (Recherche – Innovation – Transfert) portée par l’Acta.
Les ressources sont structurées sous forme de fiches techniques opérationnelles et de retours d’expériences (témoignages d’agriculteurs, résultats d’expérimentations), classés en 4 rubriques : Découvrir, Comprendre, Mettre en pratique et S’inspirer.



Les couverts végétaux s’insèrent dans les stratégies de diversification des cultures et génèrent des services multiples bénéfiques à l’agriculture, la société et l’environnement : fertilité des sols, régulation de l’eau et du climat, préservation de la biodiversité et des paysages, diversification des revenus … Les travaux des instituts techniques visent à évaluer l’efficacité de cette pratique.
Limiter les intrants, bénéficier des multiples services et atténuer les effets du changement climatique
ARVALIS développe une pratique pour gérer des couverts permanents de légumineuses en céréales sans herbicides (bio ou conventionnel) basée sur le principe de la gestion distincte de la culture de rente et du couvert dans l’espace et le temps. Le projet GRAAL teste la faisabilité de cette pratique et évalue les services rendus dans des conditions pédoclimatiques variées. Dans le projet BBSOCOUL, les interactions blé dur – luzerne sont étudiées afin de sélectionner les variétés adaptées à ce mode de gestion.
Iteipmai (projet RECITAL) a testé différents modes de gestion de couverts végétaux en lavanderaie pour sélectionner les modalités en inter-rang les mieux adaptés et améliorer la résilience du système face aux stress climatiques et gérer les bioagresseurs et les adventices. L’appropriation des résultats intéressants montrent une forte progression des surfaces couvertes même si l’itinéraire traditionnel ‘inter-rag non couvert) reste majoritaire.
Le CTIFL (projet PlacoHB) a expérimenté divers couverts semés sur le rang en verger d’abricotiers bio notamment en comparaison avec des modes des gestion travail du sol et avec un couvert spontané. Comme aucun impact négatif n’a été décelé sur les rendements, calibre ou qualité, l’adoption des couverts en arboriculture peut être envisagé.
Les instituts techniques conduisent des travaux sur la complémentarité « couverts végétaux et la production de ressources » pour l’élevage.
Idele-Institut de l’Élevage travaille depuis plusieurs années en partenariat avec les autres filières sur différents projets de R&D (Brebis_Link, Inter- AGIT+, Poscif, Sobriété, Glyphovin, ESPERE …) pour développer le pâturage des couverts au sein des territoires, et ainsi favoriser une nouvelle forme de polyculture élevage durable.
Itab-Lab, Bio Nouvelle-Aquitaine et Agrobio Gironde travaillent sur l’introduction de brebis dans les vignes en hiver pour réguler l’enherbement et améliorer la fertilité.
ITAVI mène des études sur l’aménagement des parcours avicoles (ombrage, couverts riches en légumineuses (projets RESIVOL, VALORAGE).
Le pâturage de ces couverts intra-parcellaire ou des intercultures offre des avantages intéressants : autonomie alimentaire, double valorisation des couverts, fertilité du sol, économies de carburant, gestion de l’enherbement, des maladies et ravageurs (notamment la limace), organisation et temps de travail, amélioration du bien-être des animaux, réponse aux attentes sociétales, … Cependant, malgré son essor, la mise en place de cette pratique pose encore des questions, et des améliorations restent à explorer.
©ITAVI – Poules pondeuses sur parcours avec bandes de couverts protéiques
Les couverts végétaux améliorent les apports de carbone et le maintien des nutriments dans les parcelles. Ils impactent aussi la structuration et les flux hydriques des sols. Ce faisant, ils renforcent la fertilité et atténuent la dégradation de la qualité des eaux et les effets du changement climatique.
ARVALIS a montré que les couverts intermédiaires multi-services (CIMS) ont amélioré la régulation de l’eau, limité les pertes de nitrates et l’érosion, sans pénaliser les cultures suivantes (dans le cadre de sa participation au projet BAG’AGES). L’outil Simeos-AMG a montré la contribution des couverts au bilan humique en grandes cultures, par la production aérienne et racinaire de carbone organique retournée au sol. Des collaborations avec ARVALIS (coordinateur du projet AMG-LAB) sont menées avec Terres Inovia, l’Idele-Institut de l’Élevage et l’IFV, dont l’objectif vise à intégrer des systèmes bio et en agriculture de conservation des sols (ACS) en viticulture ainsi que les prairies.
L’IFV met en place, depuis une quinzaine d’années, des essais pour envisager une substitution partielle, voire totale, des engrais exogènes grâce à l’implantation d’engrais verts temporaires. Les essais confirment qu’avec certaines légumineuses, comme la féverole d’hiver, la fixation de l’azote et sa restitution pour alimenter les vignes est significative, sans pour autant affecter les rendements, la dynamique de minéralisation des matières organiques restituées aux sols étant lente et variable. En revanche, la vigueur des ceps est renforcée de façon significative ainsi que la teneur des moûts
en azote, une condition nécessaire à leur bonne fermentescibilité.
Le CTIFL s’est intéressé aux cinétiques de minéralisation qui renseignent la disponibilité de l’azote de couverts intermédiaires multiservices (CIMS) pour les cultures légumières (projet BAAMOS) et a été partenaire dans la publication d’un guide concernant les engrais verts pour la production légumière de la côte du nord de la Bretagne ( (choux, artichauts, poireaux…) et rassemblant les résultats d’essais menés en bio. Ces derniers éclairent l’impact positif des engrais verts sur la fertilité des sols et la nutrition des cultures.
Les couverts végétaux sont un levier agroécologique prometteur pour limiter
les bioagresseurs que sont les adventices et les ravageurs. Ils permettent sous conditions une régulation naturelle via la flore et la compétition, tout en renforçant la fertilité. Les couverts constituent un levier complémentaire dans une stratégie de protection intégrée.
Explorer les effets démontrés sous conditions en gestion des adventices
l’ITAB a obtenu des résultats encourageants dans les dispositifs de longue durée RotAB. (projet Made in AB)
l’Iteipmai a identifié des couverts adaptés pour la production de menthe poivrée afin de limiter l’enherbement tout en évitant la concurrence excessive avec la culture de rente. (projet COCOSOL)
Terres Inovia teste des innovations agronomiques dans les systèmes de grandes cultures biologiques, comme le semis de légumineuses sous couvert de tournesol bio et a montré que dans certaines conditions, le semis tardif de luzerne (au dernier binage ou stade B4 du tournesol) permet un bon développement du couvert sans impacter le rendement du tournesol et apporte un gain d’azote pour le blé suivant.
Démultiplier l’effet des couverts par les approches collectives et territoriales
Terres Inovia conduit des actions coordonnées sur les Plateaux de Bourgogne avec un groupe d’agriculteurs pour atténuer les dégâts d’insectes sur grandes cultures (projet CONCERTO). Si les bénéfices des couverts sur la régulation des bioagresseurs sont avérés dans de nombreuses situations, leur adoption reste conditionnée par des freins sociotechniques
Les contributions de l’ITAB et du CTIFL dans le projet coordonné par INRAE (projet INTERLUDE) en maraîchage (Provence, Roussillon, Antilles), montrent l’importance de la co-construction des solutions avec les agriculteurs et les acteurs locaux. En identifiant collectivement les leviers et les freins, en s’appuyant sur des diagnostics partagés et des outils pédagogiques), il devient possible de lever progressivement les obstacles au changement.
La maximisation des services écosystémiques attendus d’un couvert, repose sur la gestion stratégique, parfois délicate à mettre en œuvre, du choix des espèces et des pratiques, à adapter aux contextes variés de production, de conditions climatiques et règlementaires.
Expérimentations régionales pour améliorer l’implantation des couverts végétaux et les services attendus
L’ITAVI teste l’usage de différents couverts (projet PHACÉLIE) en héliciculture en région Avergne-Rhône-Alpes) pour réduire la mortalité des escargots et sécuriser une production durable. Des fiches techniques accompagneront les éleveurs, y compris en bio.
Dans le projet COUVIR, l’Iteipmai explore la piste des couverts permanents, en inter-rang de différentes PPAM en Pays de Loire. Les problématiques sont ici multiples : adaptation du matériel d’implantation et d’entretien des deux espèces associées (agriculture de précision), choix des couverts les plus couvrants mais les moins concurrentiels, obtention de résultats cohérents pour la rentabilité de l’itinéraire technique.
L’IFV a montré en viticulture l’importance de la précocité du semis des couverts et de la pluie après implantation pour la production de biomasse (projet RESAMOVITI)



Développé par ARVALIS et ses partenaires Terres Inovia, ITB, UNILET, ITSAP-Institut de l’abeille, Agrifaune Interculture),, il aide les agriculteurs à choisir les couverts intermédiaires adaptés à leurs objectifs (apport d’azote, gestion adventices, valorisation fourragère…) et au contexte de production. Gratuit et en ligne, il fournit un classement des couverts et un accès direct aux fiches techniques.
Malgré les bénéfices potentiels des couverts végétaux, il existe des freins à leur adoption, notamment certains manques de connaissances actionnables, ce levier reste d’intérêt majeur.
Le prochain séminaire le 2 décembre 2025 propose de faire un état de l’art des connaissances et d’identifier les outils à développer pour une adoption plus large et optimiser les performances des couverts.
« Les couverts végétaux. Un atout majeur pour réduire les intrants de synthèse et augmenter les services écosystémiques au vignoble »
“ Les Entretiens Vigne et Vin en Languedoc Roussillon – L’azote, de la vigne au chai ”