FR - Plus de la moitié de la production française de porcs mâles non castrés en 2024

Contexte / Enjeux
En Europe, plus d’un tiers des élevages ne pratiquent plus la castration des porcs. En Espagne, premier producteur porcin européen, 80 % des porcs mâles ne sont plus castrés. En Allemagne, les éleveurs maintiennent majoritairement la castration, réalisée sous anesthésie générale à l’isoflurane — une pratique autorisée dans ce pays mais interdite en France. Néanmoins, 15 % des porcs mâles allemands sont désormais élevés non castrés, et une production de porcs immunocastrés s’est développée depuis 2023, représentant 3 à 5 % des mâles, une alternative qui intéresse certains marchés.
En France, un arrêté et une déclaration publiés en janvier 2022 interdisent désormais la castration à vif sans anesthésie. Cette décision a conduit à une forte évolution des pratiques d’élevage : en 2024, 51 % des porcs mâles français ne sont plus castrés, contre 28 % en 2022, et près de 3 % sont immunovaccinés.
L’IFIP – Institut du porc
accompagne cette transition en diffusant les bonnes pratiques d’élevage et d’utilisation des viandes de mâles entiers ou immunocastrés, notamment via des interventions en région et auprès des professionnels de la filière. Par ailleurs, dans le cadre du programme européen WELFARMERS, l’IFIP pilote les recherches sur les moyens d’éviter la douleur liée à la castration.
Odeurs à la cuisson : un enjeu de qualité
L’arrêt de la castration soulève la question des odeurs désagréables à la cuisson, liées à l’accumulation de certains composés dans le gras, en particulier l’androsténone, une hormone testiculaire. Pour répondre à ce défi, l’IFIP explore plusieurs pistes : développement d’alternatives à la castration, amélioration génétique, ajustements dans les pratiques d’élevage, et méthodes de détection des carcasses odorantes. Ce dernier enjeu est particulièrement stratégique pour les abattoirs.
Une méthode sensorielle rapide, basée sur l’odorat humain — la méthode SANMALO — a ainsi été développée par UNIPORC en collaboration avec l’IFIP. Déployée depuis janvier 2022, elle est aujourd’hui utilisée dans huit abattoirs. En parallèle, l’IFIP a renforcé ses capacités analytiques grâce à son nouveau laboratoire CIRI by IFIP, inauguré fin 2023 à Romillé, spécialisé dans l’analyse chimique des odeurs.
Vers une amélioration globale de la qualité des viandes porcines
Les alternatives à la castration sous anesthésie locale représentent une évolution majeure pour le secteur porcin. Afin de garantir une qualité sensorielle et technologique optimale des viandes, l’IFIP coordonne le programme CASTRALTER, qui vise à identifier et optimiser les leviers à toutes les étapes de la chaîne, de l’élevage à la salaison. En parallèle, une veille technologique sur les dispositifs de détection alternatifs au Nez Humain est assurée conjointement avec UNIPORC, afin de poursuivre l’accompagnement de la filière dans cette transition.
Référente technique
Patrick Chevillon, ingénieur Bientraitance de l’élevage à l’abattage des porcs, à l’IFIP : patrick.chevillon@ifip.asso.fr
Partenaires scientifiques
IFIP porteur du projet Programme CASTRALTER, avec pour partenaires UNIPORC, HENAFF et HOLVIA Porc dont une part du travail a été financée par FranceAgrimer au travers du soutien financier de France RELANCE.