Contexte / Enjeux

La filière de la méthanisation connaît un fort développement en France, produisant à la fois une énergie renouvelable (le biogaz) et un fertilisant organique (le digestat). Un enjeu majeur du recyclage agricole des digestats de méthanisation est d’évaluer leur qualité agronomique, leurs effets sur la structure et la biologie du sol, ainsi que leurs impacts environnementaux et sanitaires. Cependant, il n’existe pas un seul type de digestat, mais une variété de digestats dont la qualité varie en fonction de divers facteurs.

Méthanisation, digestats… De quoi parle-t-on ?

La méthanisation est un processus qui utilise des réactions biologiques pour transformer les déchets organiques en un gaz appelé biogaz, source d’énergie renouvelable. En plus de produire de l’énergie, ce processus génère un résidu riche en nutriments, appelé digestat, qui peut être utilisé comme fertilisant pour les sols et les cultures. On rencontre différents types de méthaniseurs et des procédés variés, ainsi qu’une grande variété de déchets utilisés. Après la méthanisation, le digestat peut être traité de différentes manières, ce qui influence aussi ses propriétés.

Les digestats sont le principal sous-produit de la méthanisation. Ils sont riches en éléments organiques et minéraux, ce qui les rend très utiles comme fertilisants, pour leurs propriétés d’amendement et/ou d’engrais. En général, on valorise ces digestats, surtout ceux provenant de l’agriculture, en les épandant sur les champs. On utilise différents indicateurs, allant de la chimie à l’agronomie, pour mesurer leurs caractéristiques et leur qualité.

digestat
Classes de digestats

Plusieurs classes de digestats identifiées

Les digestats de méthanisation contiennent tous les éléments nécessaires aux besoins des sols et des cultures. Ils peuvent être valorisés sur toutes les cultures annuelles, intermédiaires (CIVE et dérobées) et aussi sur les prairies. Bien les valoriser permet de faire des économies d’engrais et d’amendements tout en respectant l’environnement.

Leurs effets « fertilisant » (apport d’éléments nutritifs pour les cultures) et « amendant » (amélioration des propriétés du sol) sont variables selon les types de digestat.

Cette variabilité joue sur la valeur agronomique des digestats et leurs effets sur la structure et la vie du sol, sur les plantes, sur la qualité de l’air et de l’eau… Comprendre cette variabilité peut permettre de mieux anticiper les effets des digestats.

Sur une base de données comptant 481 observations de digestats et leurs paramètres physico-chimiques associés, des analyses statistiques ont été appliquées en vue d’obtenir une classification.

7 classes de digestats ont été retenues, expliquées par la nature des intrants majoritaires, le procédé de méthanisation (voie sèche ou humide) et les post-traitements (brut/liquide, solide/compost).

L’impact des digestats sur les sols après épandage

L’identification des différents types de digestats a permis d’observer les effets respectifs de leur épandage sur la structure et la biologie du sol, mais aussi de proposer les bonnes pratiques à suivre pour limiter les risques sur l’environnement :

  • Effets des digestats sur les propriétés physiques des sols
  • Impact de l’épandage de digestats sur le tassement des sols
  • Effets des digestats sur les lombriciens (vers de terre)
  • Effets des digestats sur la microbiologie des sols
  • Effets des digestats sur les nématodes
  • Risques de pertes dans l’eau (nitrate)
  • Risques de pertes dans l’air (ammoniac)
  • Risques d’émission de gaz à effet de serre
  • Innocuité et risque de transfert et/ou accumulation

Retrouvez toutes ces ressources sur www.fertiliser-avec-des-digestats.fr

Pour aller plus loin

Le résultat d’un projet collaboratif de recherche et développement

Ce site web est le résultat d’un projet collaboratif intitulé « Ferti-Dig : Guide de bonnes pratiques d’utilisation des digestats de méthanisation pour optimiser leurs intérêts agronomiques et limiter les impacts sur l’environnement », qui a mobilisé une douzaine de partenaires de la recherche & développement de 2021 à 2024.

Il est destiné à aider les conseillers agricoles et les enseignants dans leurs missions d’accompagnement et de formation des agriculteurs actuels et futurs, souhaitant utiliser des digestats de méthanisation pour fertiliser leurs cultures.

L’objectif était de leur fournir un guide de fertilisation avec des digestats de méthanisation, qu’ils soient d’origine agricole ou territoriale, basé sur une nouvelle typologie en 7 classes. Il a vocation à être mis à jour annuellement de façon à servir à long terme de site de référence sur les digestats.

Contact :

Pôle Sols et fertilité
Mathilde Heurtaux
Responsable du pôle Sols et Fertilité
06 12 99 05 00

Partenaires :

Le projet a été co-piloté par le laboratoire LBE d’INRAE et la Chambre d’Agriculture Bretagne (CAB).
Les travaux ont impliqué plusieurs équipes complémentaires œuvrant dans la recherche finalisée, la recherche appliquée, l’expérimentation ou l’enseignement. Ces partenaires travaillent ensemble notamment dans le cadre du RMT BOUCLAGE et contribuent à alimenter les références produites par le COMIFER.
Outre les apports d’autofinancements de chacun des partenaires, le projet a bénéficié d’un soutien financier de l’ADEME via son appel à projets « GRAINE », et de GRDF.