Légende de la photo en vignette : Samuel Bulot,  président de l’Idele – Institut de l’Élevage, éleveur en bovin laitier en bio et Emeric Pillet, directeur général de l’ITAB, lors de  l’ouverture de la conférence du 24 février au SIA 2025

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Contexte / Enjeux

Lors du Salon International de l’Agriculture 2025, le programme Synergies bio & non- transversal #SBNB # bio a été mis en avant lors d’une conférence portée par Samuel président de l’Idele – Institut de l’Élevage et Emeric Pillet, directeur général de l’ITAB. Ce programme inter-institut vise à explorer les passerelles entre les systèmes agricoles et agro-alimentaire bio et non-bio pour favoriser la transition agroécologique de l’agriculture française.

A cette occasion, il a été rappelé combien ce programme démontre la force du réseau de l’Acta et des ITA. C’est une collaboration inter-filière et inter systèmes de production de grande ampleur. Elle associe 11 instituts techniques agricoles sous l’égide de l’Acta et de l’ITAB.

En quoi la sélection et la diversité génétique sont des leviers de compétitivité et de durabilité pour les filières bio ? 

Tel était le thème de la conférence du 23 février sur le stand de l’Acta.

Très concrètement, les instituts techniques agricoles mènent des travaux de recherche et développent d’appui à la sélection et au déploiement des variétés végétales et races animales pour mieux s’adapter aux contextes locaux et aux marchés.

5 témoignages sont donnés par nos experts en vigne, en grandes cultures, en élevage de ruminants et en élevage de volailles : Anastasia Rocque (IFV), Amélie Carrière (ARVALIS), Coralie Danchin (Idele- institut de l’Élevage), Soizick Rouger (ITAB).

Sélection en vigne pour diminuer les intrants phytopharmaceutiques

Depuis les années 60, l’IFV a le seul centre français de sélection de vignes. C’est une station d’expérimentation avec 600 variétés évaluées en bio et 2000 clones conservés pour représentant la diversité des régions viticoles françaises.

L’IFV mène aujourd’hui des schémas de sélection de variétés patrimoniales, qui avaient été délaissées mais qui sont aujourd’hui intéressantes car tardives ou tolérantes à des maladies comme le mildiou ou l’oïdium. C’est ainsi que 36 variétés ont été inscrites depuis 2006. L’institut mène aussi des programmes de sélection de variétés étrangères, pour leurs spécificités comme la résistance à la sécheresse pour les variétés grecques. Il développe aussi de l’innovation variétale au service des vignerons, en faisant des croisements entre V. vinifera avec des vignes d’Asie ou d’Amérique, qui n’ont pas forcément de bonnes qualités organoleptiques mais qui sont résistantes à une ou des maladies. Ces résistances permettent de diminuer de 80% l’IFT, ce qui fait de l’innovation variétale un levier stratégique pour tous les systèmes de production. Le développement de ces variétés résistantes à typicité régionale se fait en concertation avec les vignerons, pour allier qualités organoleptiques que ceux-ci recherchent et résistances.

Pollinisation manuelle vigne
Carte réseau Expebio (blé)

Évaluation variétale en grandes cultures bio : au service des producteurs et de la filière bio

L’objectif de l’évaluation variétale est d’identifier, parmi les variétés disponibles pour les agriculteurs, celles qui vont leur permettre de produire en quantité et en qualités, dans leur contexte de production, afin d’approvisionner les filières biologiques.

Il existe différents types de variétés disponibles pour les céréaliers bio :

  • Variétés dont la sélection est principalement conventionnelle : variétés classiques et variétés adaptées à l’agriculture biologique
  • Variétés dont la sélection est biologique : variétés biologiques et matériel hétérogène biologique

Afin d’évaluer ces variétés pour l’agriculture biologique, il existe le réseau Expebio qui est animé par ARVALIS, l’ITAB et Chambre d’agriculture France. L’objectif de ce réseau est d’acquérir des références agronomiques et technologiques sur les variétés de céréales à paille en agriculture biologique. Les essais sont regroupés par contextes pédoclimatiques. Différents critères sont évalués pour le blé tendre bio :

  • Rendement
  • Taux de protéines
  • Précocité à épiaison
  • Caractéristiques agronomiques : pouvoir couvrant, sensibilité aux maladies, hauteur, verse
  • Qualités technologiques : poids spécifique, dureté, indice de Zélény, note de panification, …

Il existe des réseaux similaires pour le soja et le tournesol animés par Terres Inovia.

Les résultats sont diffusés auprès des conseillers et des producteurs via des synthèses annuelles des essais, des articles et newsletter, des réunions techniques régionales et des vidéos sur YouTube.

Ils permettent aussi d’alimenter des OAD (Outils d’aide à la décision):

  • Pour les variétés d’oléagineux : outil MyVar, qui diffuse les résultats de la même manière en bio qu’en conventionnel
  • Pour les variétés de blé tendre : ARVALIS – Choix des variétés – blé tendre, qui intègre des critères et des résultats adaptés à la bio

Accompagnement des éleveurs bios (bovins, ovins, caprins) dans la sélection de leurs animaux

L’organisme de sélection (OS) d’une race est piloté par les éleveurs de cette race. C’est un dispositif mutualisé au service de la diversité des éleveurs qui a plusieurs missions :

  • Gestion du livre généalogique
  • Gestion de la variabilité
  • Définition des objectifs de sélection
  • Contrôle de performances
  • Evaluation et diffusion des valeurs génétiques
Evolution ISU bovin lait

Ces missions doivent faire l’objet d’un consensus, ce qui est long et délicat, car les éleveurs représentent une diversité de systèmes. Un programme de sélection est alors établi et mis en œuvre. L’institut peut appuyer toutes les missions, selon les besoins : les OS de races d’ovins allaitants sollicitent plus l’appui de Idele pour les missions de routine que l’OS Prim’Hostein par exemple.

Ces caractéristiques poussent les systèmes bio à rechercher des animaux robustes. La sélection de ces éleveurs se fait en priorité sur les critères suivants : longévité, reproduction, vigueur des jeunes, résistance à des maladies, tout en souhaitant le maintien d’une production suffisante. L’avantage en ruminant par rapport aux monogastriques est que l’éleveur peut choisir ses reproducteurs et faire de la sélection au sein de son troupeau.

Les critères de sélection ont évolué au niveau global : en 1986 par exemple, en Holstein, la production représentait plus de 75% de l’index de synthèse, en 2024, elle représentait moins de 40% de l’index. Les caractères fonctionnels, comme la santé des pieds, la résistance au parasitisme, la longévité ou la vigueur des jeunes, sont de plus en plus pris en compte.

L’Idele travaille avec l’INRAE pour développer les connaissances sur les interactions génotype – milieu, qui sont une perspective d’intérêt pour s’adapter à la diversité des systèmes dont les systèmes bio.

L’Idele est également impliqué dans la conservation des races locales de ruminants à petits effectifs, ce qui permet de :

  • Maintenir la diversité des races bovines, ovines et caprines.
  • Travailler à l’identification des caractères spécifiques de ces races adaptées à leurs territoires.
  • Soutenir les élevages et les filières régionales, en particulier les produits de terroir associés à ces races.

Sélection animale en monogastriques bio – exemple des souches de volailles à double-fin

La sélection des souches de volailles est extrême entre les deux débouchés : l’élevage des frères des pondeuses était une impasse. Dans le cadre du projet européen PPILLOW, l’ITAB a étudié les souches à double fin, qui sont donc un compromis entre les deux débouchés. Il a fallu trouver ces souches portant le compromis, qui sont souvent des variétés rustiques.

Les résultats du projet sont détaillés dans cette video  :

Il y a donc un coût à la transition, mais sur le moyen-long terme le compromis pourra être maximiser.

La variété génétique est donc une clé pour l’adaptation à l’environnement et au cahier des charges bio.

Pour en savoir plus sur les travaux des ITA en cours voir la plaquette :

Variétés végétales et races animales, leviers de compétitivité et de durabilité pour les filières bio, programme Synergies Bio & Non bio.

Les replays de la Séquence innovation et l’émission Semence Mag sont aussi en ligne

Sélection extrême volailles

En quoi l’IA peut accélérer la création variétale ?

Avec :
– Medhi SINE, Directeur Général – Acta – le réseau des instituts techniques agricoles
– Herve PILLAUD, Conférencier, auteur – Agronumericus Conseil
– Pauline BANSEPT BASLER, Responsable Projet Sélection Blé hybride Europe – Bayer Seeds

Journaliste : Valérie Dahm

Quelle sélection pour l’agriculture d’aujourd’hui et de demain ?

Que ce soit sur le terrain ou en laboratoires, les méthodes de sélection combinent plusieurs approches et méthodes afin d’améliorer les rendements, la résistance aux maladies et l’adaptation au changement climatique.

Avec :
– Bernard ROLLAND, Chercheur – INRAE IGEPP Rennes
– Stéphane CROZAT, Vice président Section Diversité des Semences – SEMAE
– Gilles ROBILLARD, Président – Terres Inovia
– Jean Marc FERULLO, Responsable recherche – LIDEA
– Emeric PILLET, Directeur général – ITAB

Journaliste : Valérie Dahm