Contexte / Enjeux

L’autoguidage, ou guidage automatique, est une technologie qui permet de diriger un véhicule agricole, comme un tracteur, sans que l’opérateur n’ait à intervenir constamment sur le volant. Les systèmes d’autoguidage s’appuient sur le positionnement par satellite (GNSS), des capteurs, une motorisation de la direction, et des systèmes de contrôle afin de maintenir le véhicule sur une trajectoire définie.

Enjeux de l’autoguidage en grandes cultures et en vigne 

L’autoguidage représente un levier important pour améliorer l’efficacité et la précision des opérations agricoles. L’autoguidage permet de réduire le chevauchement des passages, d’optimiser l’utilisation des intrants (semences, engrais, produits phytosanitaires), améliorer la qualité du travail du sol et de diminuer la fatigue du conducteur. En optimisant l’ensemble des opérations culturales, l’autoguidage peut contribuer à améliorer les rendements des cultures. Ajouté à ces similarités entre grandes cultures et vigne, la vigne y voit un potentiel pour pallier le manque de main-d’œuvre qualifiée, d’attirer de nouveaux employés et d’assurer un suivi précis des opérations et des différents opérateurs. 

Les grandes cultures se concentrent sur la réduction des coûts d’abonnement RTK et l’amélioration de la précision pour le désherbage mécanique. La viticulture met elle l’accent sur l’adaptation aux vignobles étroits et aux terrains difficiles 

En viticulture, l’autoguidage présente des spécificités liées à la nature des cultures et aux pratiques agricoles : 

  • Adaptation aux vignes étroites : Les systèmes doivent être adaptés aux vignobles étroits, où l’espace de manœuvre est limité. 
  • Gestion de la topographie : Les terrains pentus et les variations intra-rang représentent un défi pour le maintien de la précision. 
  • Solutions auto-construites : L’auto-construction de systèmes d’autoguidage est une approche intéressante pour réduire les coûts, mais elle nécessite des compétences techniques spécifiques. 
  • Type de vigne : Le type de vigne est important pour le choix du système d’autoguidage. Par exemple, le GPS/RTK est plus adapté aux vignes droites, tandis que le LiDAR peut être utilisé dans les vignes non droites.

L’utilisation de l’autoguidage en viticulture 

L’autoguidage repose sur l’utilisation de systèmes de positionnement par satellite, tels que le RTK (Real Time Kinematic), qui permettent d’atteindre une précision de positionnement de l’ordre de quelques centimètres. Le RTK utilise des stations de référence au sol, dont la position est connue avec précision, pour corriger les erreurs de positionnement des satellites.

Fonctionnement de la correction d’un signal de localisation par la méthode RTK. Acta – les instituts techniques agricoles

Les limites de l’utilisation du RTK en viticulture 

Le GPS/RTK est particulièrement adapté aux vignes droites, idéalement plantées en RTK, et aux parcelles plates. 

Les avantages incluent une précision centimétrique et la création de repères virtuels, évitant ainsi d’oublier des rangs lors des interventions, même en travaillant simultanément sur plusieurs rangs. Cette technologie est particulièrement utile pour les travaux discrets visuellement ou les traitements nocturnes. L’utilisation de tracteurs lourds, avec un centre de gravité bas, contribue à la réduction des mouvements. 

Cependant, le GPS/RTK est moins adapté aux vignes non droites ou présentant des variations intra-rang. Le manque d’outils spécifiquement conçus pour la vigne, historiquement développés pour les grandes cultures, constitue également un frein. De plus, la correction de trajectoire sur tablette peut être peu pratique en raison des mouvements de la cabine, et les corrections ne sont pas sauvegardées entre les passages.

Le LiDAR : une alternative pour rentrer dans toutes les parcelles de vigne

Le LiDAR utilise un scanner laser pour détecter l’environnement et guider le tracteur. Le LiDAR peut être utilisé sur des vignes non droites, mais il est idéalement adapté aux vignes droites et plates. 

Le système effectue une correction physique, point par point, dans le rang, maintenant le tracteur au milieu du rang. En cas de vigne manquante, le système est autonome sur une courte distance, avant de demander à l’opérateur de reprendre la main. 

L’avantage principal est la possibilité de travailler dans n’importe quelle parcelle avec un niveau de confiance élevé grâce à la détection physique. 

Les corrections sont très fréquentes et moins précises qu’en RTK (9-12 cm). En pente, les corrections sont plus importantes, ce qui peut réduire les performances par rapport à une correction manuelle.

Arbre de prise de décision entre les systèmes d’autoguidage GPS/RKT et LiDAR en vigne. Le réseau des Digifermes

Le réseau Centipède : une alternative collaborative et gratuite au RTK conventionnel en grandes cultures 

Le réseau Centipède est un projet collaboratif initié par l’INRAE en 2019, qui vise à démocratiser l’accès à la technologie RTK en proposant une solution libre et gratuite. Il s’agit d’un maillage de bases GNSS (Global Navigation Satellite System) « faites maison », installées et maintenues par des acteurs privés, tels que des agriculteurs, des coopératives et des partenaires publics. 

Carte des bases GNSS disponibles sur une partie de l’Europe. Site du réseau Centipède consultée le 10.03.2025.

Le réseau Centipède : une alternative collaborative et gratuite au RTK conventionnel en grandes cultures 

Le réseau Centipède est un projet collaboratif initié par l’INRAE en 2019, qui vise à démocratiser l’accès à la technologie RTK en proposant une solution libre et gratuite. Il s’agit d’un maillage de bases GNSS (Global Navigation Satellite System) « faites maison », installées et maintenues par des acteurs privés, tels que des agriculteurs, des coopératives et des partenaires publics. 

Approches expérimentales des Digifermes 

Afin d’évaluer la précision et la fiabilité du réseau Centipède, plusieurs tests ont été menés dans les Digifermes de la ferme 3.0, Boigneville (91) et Saint Hilaire en Woevre (55). Les résultats des tests ont mis en évidence un certain nombre de facteurs qui influencent la précision et la fiabilité du réseau Centipède : 

  • Distance à la base RTK : La précision diminue avec l’augmentation de la distance entre le tracteur et la base. Pour les récepteurs « maison », il est recommandé de ne pas dépasser une distance de 10 km. Avec un récepteur commercial, il est possible d’aller jusqu’à 20 km. 
  • Type de récepteur GNSS : Les récepteurs commerciaux offrent généralement une meilleure précision et une meilleure disponibilité du signal que les récepteurs « maison ». La précision est globalement meilleure de 1 à 4 cm avec les récepteurs commerciaux. 
  • Stabilité de la connexion internet : Une connexion internet de mauvaise qualité peut entraîner des micro-coupures et affecter la précision de la correction RTK. Il est donc important d’avoir un réseau internet stable. 
  • Qualité de l’installation de la base RTK : Une mauvaise installation de la base peut entraîner une mauvaise réception GPS et compliquer le calcul des corrections RTK. Il est important de s’assurer que l’antenne est stable, qu’il n’y a pas de masque (objet/matériel qui pourrait réfléchir ou obstruer les ondes satellites) et qu’elle est reliée au réseau Internet en filaire. 

Les tests ont également montré que : 

  • Le réseau Centipède peut atteindre une précision comparable à celle des solutions RTK commerciales, notamment dans un rayon de 20 à 30 km autour de la base. Dans ce rayon, la position donnée par Centipède est à +/- 2cm de la position d’un RTK de référence (Orphéon). 
  • Au-delà de 30 km, la précision diminue, car Centipède est un RTK monobase. 
  • La répétabilité des mesures est similaire pour Centipède et Orphéon. 
  • Les bases Centipède présentent une bonne stabilité de connexion, avec des coupures rares et courtes. La majorité des coupures sont dues à des déconnexions internet. 

 

Retour des Digifermes sur l’utilisation de Centipède en grandes cultures 

Avantages :  

  • Coût réduit, grâce à la gratuité du signal RTK. 
  • Possibilité de construire sa propre base GNSS. 
  • Freins :  

    • Précision variable en fonction de la distance à la base et de la qualité de la connexion internet. 
    • Nécessité d’un récepteur GNSS débloqué RTK et compatible avec les corrections autres que celles de sa marque. Chez John Deere, la licence M-RTK sera obligatoire. 
    • Disponibilité des composants électroniques pour la construction des bases. 
  • Perspectives :  

    • Amélioration de la précision et de la stabilité du signal grâce à la densification du réseau de bases. 
    • Développement de solutions pour faciliter l’utilisation de Centipède avec différents types de matériels. 
    • Évolution du réseau Centipede-RTK en 2025 : L’utilisation du paramètre NEAR à la place de la base permet désormais de choisir automatiquement la base active la plus proche, évitant ainsi les changements manuels sur la console.

Conclusion 

L’autoguidage représente une évolution significative pour l’agriculture, offrant des avantages considérables en termes de confort, de précision et de gestion des ressources. Bien que des défis subsistent, notamment en ce qui concerne l’adaptation aux spécificités des cultures et la réduction des coûts, les perspectives d’amélioration sont nombreuses. La combinaison de différentes technologies, telles que le LiDAR et le RTK, ainsi que le développement de solutions auto-construites, ouvrent de nouvelles voies pour un avenir agricole plus précis et plus durable. 

Pour aller plus loin

Pour en savoir plus sur les travaux des Digifermes, n’hésitez pas à nous suivre :  

DIGIFERMES®️ – Le réseau d’experts techniques agtech 

https://www.linkedin.com/company/digifermes/