Améliorer la gestion de l’eau en grandes cultures grâce à l’outil Asalée pour les agriculteurs et techniciens

Contexte / Enjeux
La gestion de la ressource en eau en production végétale est plus vaste que le seul volet de l’irrigation. Elle inclut aussi l’évaporation, l’infiltration, l’absorption, le ruissellement, … et la notion centrale de réservoir utilisable. Le nombre d’hectares de grandes cultures irriguées connaît une forte augmentation. Et les cultures irriguées se diversifient aussi : ce n’est plus seulement le maïs, mais aussi les fourrages, la vigne, …
Les 2 grands axes de la gestion quantitative de l’eau sont :
- Améliorer l’efficience de l’eau
- Augmenter la disponibilité en eau
L’outil web Asalée a été développé pour accompagner les réflexions des agriculteurs et des conseillers sur la gestion de l’eau avec l’assolement comme principal levier.
Accompagner les réflexions des agriculteurs et des conseillers dans la gestion de la ressource en eau dans les territoires

L’efficience de l’eau peut être améliorée grâce à 5 axes, du plus simple au plus complexe à mettre en place par l’agriculteur :
- Génétique
- Pilotage de l’irrigation
- Itinéraire technique
- Matériel technique
- Assolement
Asalée, support de la réflexion avec les agriculteurs et techniciens dans les territoires
Asalée est un outil d’aide à la décision (OAD) pour les choix d’assolement par rapport à la ressource en eau, car l’assolement est un choix stratégique dans la gestion des risques. Asalée est un outil qui permet de comparer des assolements, et ce sont les agriculteurs qui ont les clés pour choisir entre les différentes propositions.
Le projet a été lancé en 2019, avec des groupes agriculteurs et les techniciens des Chambres d’agriculture des Deux Sèvres et de Charente-Maritime. Il y avait sur ce territoire deux tendances : ceux qui voulaient construire des réserves d’eau et ceux qui voulaient cultiver sans réserve de substitution. Asalée a permis de créer un espace de discussion pour que les deux groupes puissent cohabiter, et pour leur fournir des informations afin de construire au mieux leurs systèmes.
Asalée est pensé pour des groupes de travail d’agriculteurs sur les territoires, en ateliers de co-conception mais peut également être utilisé par des institutions ou par des conseillers pour une exploitation agricole réelle.
Comment fonctionne Asalée ?
L’outil prend en entrée les types de sols, la météo, les conduites d’irrigation et l’assolement. Il est nécessaire de faire des hypothèses sur l’irrigation, le report des cultures, l’évolution des surfaces irriguées, le coût et les interdictions potentielles d’irrigation.
Les calculs sont ensuite réalisés sur 20 années climatiques et pour 500 scénarios de prix. Il est à noter que ni l’excès d’eau ni le stress thermique ne sont pris en compte, seul le stress hydrique l’est.
En sortie, l’outil renvoie les marges nettes à l’exploitation, la consommation d’eau et le temps de travail, et ce, grâce à un couplage avec l’outil SYSTERRE. On récupère un exemple concret de ferme, avec des possibilités d’assolement. Asalée permet de voir les évolutions sur l’assolement actuel, en réfléchissant à 20 ans, et en prenant en compte les risques de prix pour les agriculteurs. Il permet aussi de tester différents assolements d’adaptation. Il sert d’outil de discussion, car l’objectif n’est pas d’indiquer aux agriculteurs quelle culture implanter où.


Perspectives d’amélioration de l’outil :
- Un travail est en cours pour permettre de complexifier et multiplier les possibilités. Cela passe par l’introduction de nouvelles cultures dans l’outil, qui ne sont pas dans le domaine d’ARVALIS, et l’ajout des fourrages pour les polyculteurs-éleveurs.
- L’outil ne prend pas encore en compte les spécificités du non-travail du sol, qui est un des axes d’amélioration identifiés sur lesquels ARVALIS travaille.
- La modélisation nécessite des données. Or il n’existe pas de données sur le comportement sous irrigation de cultures aujourd’hui non irriguées. Il y a donc un travail de fond avec des expérimentations à mettre en place.
- L’outil a pour le moment un focus stress abiotiques. ARVALIS se pose aujourd’hui la question d’intégrer les stress biotiques
- Les seuls scénarios climatiques pouvant servir dans l’outil sont ceux incluant le rayonnement. Mais les observations depuis 10 ans sont supérieures aux scénarios. Il y a donc un travail en cours avec l’INRAE et MétéoFrance sur ce sujet.

Les forces de l’outil :
C’est un outil qui fait discuter entre les instituts techniques agricoles, ce qui montre la force du réseau Acta pour intégrer toutes les cultures plein champ. Les discussions sont ciblées avec Terres Inovia et l’ITB pour le moment.
De nombreux projets de R&D mobilisant Asalée sont montés, financés par les conseils régionaux, les agences de l’eau : ils bénéficient d’un fort soutien territorial. Ces approches territoriales s’inscrivent en particulier dans les dispositifs des plateformes SYPPRE ou encore en association avec les écoles et les lycées agricoles.