La France est un pays majeur pour la production et la valorisation du chanvre. Les règles du modèle constructif français en chanvre sont utilisées partout dans le monde. De plus, la France est le premier pays producteur de chanvre en Europe et le 2ème au niveau mondial. Cette production de chanvre est en train d’être redynamisée, avec une restructuration de la filière, qui passe par l’ouverture de quatre nouvelles chanvrières à brève échéance.
« Aujourd’hui on redécouvre le chanvre qui est sans pesticide, sans irrigation, et qui est zéro déchet » nous explique Louis-Marie Allard, ingénieur et référent chanvre de Terres Inovia.
L’interprofession InterChanvre accompagne les territoires dans le développement de la cette culture. Comme elle ne nécessite pas de produit phytopharmaceutique, elle peut être utilisée partout, notamment dans les zones de captage d’eau, dont 30% sont problématiques en France. Les avantages agroécologiques du chanvre sont avérés, et les industriels sont prêts à développer l’utilisation du chanvre.
Alors, pourquoi l’expansion de la culture du chanvre est freinée ?
Aujourd’hui, cette culture est insuffisamment rémunératrice : la marge est équivalente à celle d’une légumineuse. Les subventions touchées via les programmes de stockage de carbone ne suffisent pas à compenser la différence de gains entre le chanvre et une céréale.
De plus, les seules personnes à pouvoir cultiver du chanvre sont les agriculteurs. Et ils doivent obligatoirement utiliser des semences certifiées , afin de garantir un taux de THC inférieur à 0,3% (seule molécule cannabinoïde réglementée). Il y a aussi une dose minimale de semis à respecter. Les parcelles de chanvre sont susceptibles d’être contrôlées. Ce contrôle a lieu en août, avec interdiction de récolter avant, et il consiste en un contrôle de la teneur en THC des inflorescences. Il touche environ un tiers des parcelles par an.
La filière se développe malgré ces freins. L’interprofession est très active pour valoriser les bienfaits du chanvre. L’organisation même de la filière est une force pour tous les acteurs impliqués. Il y a peu d’intermédiaires. « Même dans les débouchés, on veut garder le côté vertueux du chanvre » explique la directrice d’Interchanvre. C’est pourquoi l’interprofession a mis en place un label qui garantit la fibre sans pesticide, c’est d’ailleurs l’unique label de ce type. Le carbone séquestré dans le béton de chanvre n’est pas valorisé par le label Bas Carbone, alors l’interprofession a initié une démarche complémentaire. Pour 2025, l’interprofession a développé la possibilité pour les producteurs de bénéficier du dispositif de PSE contrat de prestation pour services environnementaux.
Dans le domaine de la plasturgie, ce sont des pièces pour voiture (tableaux de bord, portières, plages arrière) qui sont à base de chanvre. La technologie de compound permet de ne pas modifier les habitudes de travail. Mais les constructeurs automobiles ne communiquent pas sur le fait qu’ils utilisent du chanvre dans leurs produits, alors qu’il y a aujourd’hui 13 millions de véhicules équipés.
D’autres débouchés existent également pour cette culture très prometteuse, tant d’un point de vue environnemental qu’économique.