Contexte / Enjeux

Le chanvre est une culture qui en pleine essor en France : en 10 ans, les surfaces ont été doublées. Elle présente de nombreux avantages agroécologiques, le chanvre a besoin de très peu d’eau, ne nécessite aucun intrant, stocke en revanche beaucoup de carbone (9 à 15 t CO2/ha/an), et toute la plante peut être valorisée dans des secteurs très variés. La filière doit toutefois relever certains défis économiques afin de satisfaire les demandes en chanvre des industriels, et en rémunérant mieux les producteurs de chanvre.  

La France est un pays majeur pour la production et la valorisation du chanvre. Les règles du modèle constructif français en chanvre sont utilisées partout dans le monde. De plus, la France est le premier pays producteur de chanvre en Europe et le 2ème au niveau mondial. Cette production de chanvre est en train d’être redynamisée, avec une restructuration de la filière, qui passe par l’ouverture de quatre nouvelles chanvrières à brève échéance.

Carte de la production de chanvre en Union européenne - ©InterChanvre

« Aujourd’hui on redécouvre le chanvre qui est sans pesticide, sans irrigation, et qui est zéro déchet» nous explique Louis-Marie Allard, ingénieur et référent chanvre de Terres Inovia.  

 

L’interprofession InterChanvre accompagne les territoires dans le développement de la cette culture. Comme elle ne nécessite pas de produit phytopharmaceutique, elle peut être utilisée partout, notamment dans les zones de captage d’eau, dont 30% sont problématiques en France. Les avantages agroécologiques du chanvre sont avérés, et les industriels sont prêts à développer l’utilisation du chanvre.  

 

Alors, pourquoi l’expansion de la culture du chanvre est freinée ?  

Aujourd’hui, cette culture est insuffisamment rémunératrice : la marge est équivalente à celle d’une légumineuse. Les subventions touchées via les programmes de stockage de carbone ne suffisent pas à compenser la différence de gains entre le chanvre et une céréale.  

De plus, les seules personnes à pouvoir cultiver du chanvre sont les agriculteurs. Et ils doivent obligatoirement utiliser des semences certifiées , afin de garantir un taux de THC inférieur à 0,3% (seule molécule cannabinoïde réglementée). Il y a aussi une dose minimale de semis à respecter. Les parcelles de chanvre sont susceptibles d’être contrôlées. Ce contrôle a lieu en août, avec interdiction de récolter avant, et il consiste en un contrôle de la teneur en THC des inflorescences. Il touche environ un tiers des parcelles par an.  

La filière se développe malgré ces freins. L’interprofession est très active pour valoriser les bienfaits du chanvre. L’organisation même de la filière est une force pour tous les acteurs impliqués. Il y a peu d’intermédiaires. « Même dans les débouchés, on veut garder le côté vertueux du chanvre » explique la directrice d’Interchanvre. C’est pourquoi l’interprofession a mis en place un label qui garantit la fibre sans pesticide, c’est d’ailleurs l’unique label de ce type. Le carbone séquestré dans le béton de chanvre n’est pas valorisé par le label Bas Carbone, alors l’interprofession a initié une démarche complémentaire. Pour 2025, l’interprofession a développé la possibilité pour les producteurs de bénéficier du dispositif de PSE contrat de prestation pour services environnementaux.  

Les débouchés prometteurs du chanvre, culture agroécologique par excellence 

La construction : Le béton de chanvre a été développé par des Français il y a une trentaine d’années, à partir de la chènevotte, qui est la partie ligneuse de la tige. Dans une pièce construite en béton de chanvre, le ressenti est supérieur de 2°C à la température réelle de la pièce, ce qui permet une économie de chauffage de 70% en moyenne. Le béton de chanvre est un matériau complémentaire au bois, car il nécessite des poteaux poutres. C’est également un très bon coupe-feu (EI 240) qui a impressionné la station d’essai : après 1 heure de test, la structure n’avait pas du tout changé et le bois avait été protégé. La fibre de chanvre peut elle aussi être utilisée dans la construction, en tant qu’isolant souple. L’avantage ? Il n’y a pas besoin d’EPI contrairement à la laine de verre.  

Dans une pièce construite en béton de chanvre, le ressenti est supérieur de 2°C à la température réelle : une économie de chauffage de 70% en moyenne est réalisée ©Construire en Chanvre
Tissu naturel en fibres de chanvre. Copyright  Le Gaulois

Dans l’industrie textile, 3 types de fibres existent aujourd’hui : la fibre courte, qui sera cotonnisée, la fibre semi-longue, qui sera tricotée ou crochetée, et la fibre longue, qui se calque sur le modèle du lin. La cellulosite de chanvre est en cours de développement et permettrait d’obtenir un filament de la finesse de la soie.  

Dans le domaine de la plasturgie, ce sont des pièces pour voiture (tableaux de bord, portières, plages arrière) qui sont à base de chanvre. La technologie de compound permet de ne pas modifier les habitudes de travail. Mais les constructeurs automobiles ne communiquent pas sur le fait qu’ils utilisent du chanvre dans leurs produits, alors qu’il y a aujourd’hui 13 millions de véhicules équipés.  

Le chanvre en plasturgie Source et copyright : ©APM

Les débouchés pour l’alimentation humaine sont aussi en plein essor, avec la graine ou l’huile de chanvre qui ont de nombreux bienfaits : il n’y a pas d’allergène connu, le contenu est digestible à 98% dans l’heure, riche en acides gras essentiels et en minéraux. La région Nouvelle-Aquitaine s’est engagée à proposer des menus contenant du chanvre en restauration collective 

D’autres débouchés existent également pour cette culture très prometteuse, tant d’un point de vue environnemental qu’économique.  

   En savoir plus

Louis Marie Allard nous parle du chanvre

Retrouvez l’interview de Louis Marie Allard, Ingénieur de développement « cultures de diversification », référent national chanvre (Terres Inovia) réalisée par l’Acta et la présentation très complète, de cette culture, réalisée lors de la conférence mardi 25 février, au Salon International de l’Agriculture. 

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