Contexte / Enjeux

Les contraintes pesant sur l’application des produits phytosanitaires par pulvérisation se multiplient, dans l’objectif de limiter les impacts pour l’Homme (bruit, dérive des produits) et son milieu (eau, faune, flore). Une question se pose alors : quelle(s) alternative(s) possible(s) à l’utilisation du pulvérisateur en verger ?

La recherche de technologies alternatives a alors été lancée. Dans ce contexte, le CTIFL et ses partenaires ont développé PulVéFix.

Les enjeux de cette solution sont de minimiser les impacts que peuvent avoir les traitements sur le voisinage, l’environnement et les opérateurs.

Un état des lieux en demi-teinte

La pomme est de loin la 1ère production fruitière de France avec 1,6 à 1,7 million de tonnes produites par an et près de 40 000 ha de pommiers dédiés.

Dans nos conditions climatiques, cette production est confrontée, annuellement, à de nombreuses maladies et ravageurs nécessitant un nombre important d’interventions.

La maîtrise des quantités de produits de protection des plantes appliquées est donc un enjeu majeur. Aujourd’hui, l’application des produits de synthèse ou de biocontrôle (par pulvérisation des parties aériennes via l’utilisation de pulvérisateurs) présente des inconvénients majeurs :

  • forte dispersion des produits dans l’environnement,
  • bruit engendré par la turbine,
  • disponibilité du matériel et de l’opérateur et sa sécurité,
  • difficultés de passage en terrain en pente ou humide.

La réponse à ces problématiques peut passer par l’adaptation des itinéraires techniques et la reconception de l’itinéraire de protection des vergers touchés par ses problématiques. La pulvérisation fixe sur frondaison répond aux besoins de changements de pratiques énoncés par les arboriculteurs en matière de protection phytosanitaire des vergers pour « traiter vite, efficacement, avec un minimum d’impacts environnementaux ».

Des résultats probants

  • Une application très rapide (6 à 10 min de remplissage, 30 secondes de pulvérisation) permettant une réactivité optimum face aux risques bioagresseurs.
  • Une efficacité équivalente à la pulvérisation classique pour la maîtrise de la tavelure, des lépidoptères (tordeuses, carpocapses) et des maladies de conservation.
  • Des impacts sur l’environnement et un risque d’exposition des personnes présentes et des riverains très fortement réduits : les pertes dans l’environnement sont réduites de plus de 96% par rapport à une pulvérisation classique.
  • Une préservation des sols par la réduction drastique du nombre de passages du tracteur et du pulvérisateur dans les vergers.
  • Résultats équivalents à la pulvérisation classique en termes de résidus sur fruits.
Verger

PulVéFix : le principe

Le principe est simple : remplacer le tracteur et le pulvérisateur par un système de pulvérisation fixé sur la canopée, utilisant un réseau de micro-asperseurs pour appliquer les produits de protection des plantes. Cela permet une application des produits en un minimum de temps, sans la présence de l’opérateur dans le verger.

Les étapes de recherche et développement

De la preuve de concept en 2013 à la livraison d’une technique opérationnelle en 2022, plusieurs étapes ont été nécessaires : optimisation technologique des prototypes, enquête d’acceptabilité par les professionnels, évaluations des performances agronomiques et environnementales, du risque résidus sur fruits, première approche économiques. Ces évaluations ont été conduites sur une variété « pire des cas » à cycle long et à forte sensibilité aux bioagresseurs dans 3 contextes pédo-climatiques différents.

Les conditions d’une utilisation PulVéFix réussie

  • Vergers de pommiers palissés en surface plane.
  • Équipement par bloc de 0.5 ha maximum.
  • Maintenir les têtes des arbres 20 cm en-dessous des micro-asperseurs.
  • Ne pas utiliser PulVéFix pour l’application de produits contre l’oïdium (quelle que soit la pression) et contre les pucerons cendrés dans le cadre de pressions moyenne à forte.
  • Itinéraire de traitement classique de type protection raisonnée.
  • Une maintenance et une vigilance accrue du système pour éviter les bouchages des micro-asperseurs.

Les freins et points d’optimisation

A ce jour, cette technique d’application n’est pas utilisable car son statut réglementaire est en cours d’étude par les pouvoir publics. L’objectif est de faire reconnaître cette technique d’application comme usage des traitements parties aériennes et comme moyen officiel de limitation de la dérive et de réduction de l’exposition des riverains aux pesticides. Cette ouverture permettra de déployer des équipements dans des vergers expérimentaux ou professionnels, de valider les acquis dans différents contextes de production de la pomme, et d’optimiser la technologie. La reconnaissance officielle de la technique permettra, par l’ouverture de marché aux agrofournisseurs spécialisés dans l’irrigation, une réduction des coûts d’investissement (13 à 15 000 €/ha actuellement). Elle permettra aussi et surtout de proposer une solution adaptée aux rangs de vergers en zones sensibles, concernés par les Distances de Sécurité des Personnes Présentes et Riverains ou Zones Non Traitées eau.

Les perspectives

Et les travaux ne s’arrêtent pas là, il s’agit maintenant d’accélérer et dynamiser le potentiel de transférabilité de la technique PulVéFix. Les études se poursuivent sur :

  • L’acquisition de données d’efficacité biologique sur des itinéraires intégrant des produits de biocontrôle et stimulateurs de défenses naturelles.
  • La recherche de capteurs pouvant permettre le contrôle en temps réel ou post application des paramètres de PulVéFix.
  • Les perspectives d’utilisation PulVéFix pour d’autres applications : protection anti-gel, protection coup de chaleur…
  • Le déploiement des études sur d’autres modèles arboricoles (prunes, cerises…)

Contact référent :

Florence Verpont

CTIFL – Centre Technique interprofesionnel des fruits et légumes
florence.verpont@ctifl.fr

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