Évaluer les solutions numériques pour mieux les faire adopter par le monde agricole

Quels sont les freins à l’adoption des solutions numériques agricoles ?  

Le processus d’adoption ne doit pas être vu comme un acte ponctuel mais bien comme une succession d’étapes au cours desquelles le futur utilisateur va appréhender la technologie avant d’éventuellement l’adopter, puis l’adapter à son environnement et ses problématiques. Ce processus peut être influencé par différents facteurs pouvant constituer à la fois des leviers et des freins à l’adoption d’une technologie. Il s’agit de facteurs :  

• Individuels : âge de l’agriculteur, ses expériences, sa maturité technologique, etc. 
• Organisationnels : taille de l’exploitation, type de culture, etc. 
• Technologiques : coût, compatibilité avec le matériel existant, etc. 
• Contextuels : accès à un signal mobile ou internet, etc. 

Les explications les plus courantes à la non-adoption d’une technologie peuvent-être le manque d’adéquation aux besoins réels du terrain, une précision ne répondant pas aux attentes ou une trop grande complexité d’utilisation. 

De plus, les nouveaux outils ne sont pas toujours facilement interopérables avec le matériel déjà présent sur l’exploitation, ce qui représente un frein supplémentaire à leur adoption. Cet aspect appuie l’importance d’une standardisation des outils agricoles et d’une ouverture des échanges de données entre les fournisseurs pour plus d’interopérabilité. 

Quels acteurs pour faciliter l’adoption des technologies numériques ?  

Afin de proposer des outils digitaux parfaitement adaptés aux attentes des agriculteurs, la co-construction d’outils en impliquant les utilisateurs finaux des technologies semble une piste intéressante. Dans ce contexte, les conseillers et techniciens constituent un appui intéressant car ils maîtrisent les enjeux et besoins issus du terrain, et peuvent être le relai des nouvelles technologies vers les agriculteurs. Ils peuvent également participer à l’adaptation des solutions aux modes de productions variés, afin de maximiser le potentiel des solutions numériques déployées chez les agriculteurs.  

Cependant, pour que les conseillers et techniciens puissent pleinement remplir leur mission de facilitateurs, il faut qu’ils puissent eux-mêmes s’approprier les technologies grâce à des temps de formation dédiés. 

Enfin, l’adoption d’une innovation se fait par la démonstration de son utilité et de son fonctionnement. De nombreux organismes tel que le réseau des Digifermes ®, pilotées par l’ACTA, les Living-lab (ex : le Living Lab Occitanum, porté par l’INRAE) ou encore la plateforme TITEC (Transfert, Innovation et Technologie) portée par le CTIFL, proposent de tester les innovations numériques agricoles afin d’attester de leur efficacité. Toutefois, les résultats d’évaluation doivent ensuite remonter jusqu’aux agriculteurs grâce, notamment, à des évènements participatifs tel que des démonstrations à la ferme. L’Acta participe à cette approche via deux projets :  

• Le projet NEFERTITI, un projet européen permettant de coordonner un réseau de fermes de test et de démonstration à travers l’Europe.  
• Le projet CODE(CS), lancé en octobre 2022, dans lequel l’Acta pilote un work package dédié à la démonstration d’outils numériques pouvant représenter un levier pour la transition agroécologique des exploitations européennes.  

Depuis plusieurs années, l’offre en solutions numériques au service de l’agriculture foisonne.

Pourtant sur l’ensemble de l’offre disponible, peu de solutions sont largement adoptées et déployées sur le terrain. Une des hypothèses pour expliquer cet écart est que lever les freins à l’adoption passe par une évaluation complète, partagée et visible de la fiabilité et des usages potentiels des solutions numériques.

Afin d’orienter au mieux les travaux des instituts techniques et de la recherche sur l’évaluation, une conférence organisée par le RMT NAEXUS réunissant toutes les parties prenantes de la chaîne de valeur, des fournisseurs aux utilisateurs, en passant par les prescripteurs s’est déroulée le jeudi 3 février 2022.

Ce rapport vise à restituer les échanges ayant eu lieu au cours des ateliers.

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