Contexte / Enjeux

Améliorer l’autonomie alimentaire est un enjeu majeur pour les territoires ultramarins, soumis aux aléas climatiques de type tropical et tributaires de l’éloignement géographique de l’Union Européenne. Il est donc important d’encourager le développement des productions légumières et fruitières dans les Départements et Régions d’Outre-mer.

La production de références technico-économiques est indispensable pour accompagner au mieux les agriculteurs ultramarins et favoriser les projets d’installation ou de diversification.

Les Réseaux de Références en productions de Diversification Végétale (RRDV) visent à produire et diffuser des données synthétiques validées pour les principales cultures de diversification (c’est-à-dire hors canne à sucre et banane fruit), dans les 5 départements d’outre-mer.

Présents dans 4 départements ultramarins, ils sont actifs depuis 2014 à La Réunion, 2015 en Guadeloupe et Martinique et 2023 en Guyane.

Que sont les réseaux de références en productions de diversification végétale (RRDV) ?

Construits en s’appuyant sur l’expérience des Réseaux d’élevage INOSYS pour les productions de ruminants, l’action des RRDV repose dans chaque DOM sur :

  • un réseau d’agriculteurs volontaires ;
  • un suivi technique et économique dans la durée de chaque production, réalisé par des conseillers de chambres d’agriculture, d’organisations de producteurs ou d’instituts techniques ;
  • un encadrement, une coordination inter-DOM et une assistance technique à ces travaux et à leurs valorisations par l’Acta et l’Idele au niveau national ;
  • une maîtrise d’œuvre nationale assurée par l’Acta avec l’appui de l’Idele.
réseaux de références en productions de diversification végétale
Des outils pour calculer les coûts de production dans les DOM

La co-construction, principe fondamental de ces réseaux

Le choix des cultures suivies est réalisé collégialement par les acteurs locaux du secteur agricole (organisations de producteurs, interprofession des fruits et légumes, chambre d’agriculture, direction de l’agriculture, instituts techniques, Cirad/Inrae…), sur la base des spécificités de chacun des territoires.

L’outil de collecte des données a été co-construit progressivement par l’Acta et l’Idele avec les techniciens en charge du suivi des agriculteurs, pour répondre aux besoins spécifiques du projet. En effet, faute de pouvoir adapter facilement les outils informatiques existants, les acteurs ont mis au point l’outil CONCERTO (COllecte des doNnées sur les Cultures de divERsificaTion en Outre-mer). Celui-ci permet de saisir les données collectées au cours du suivi des cycles culturaux, de les traiter pour calculer les principaux indicateurs de performance économique (marge brute, marge nette à l’hectare, coût de production de 100 kg de produit), et d’éditer une fiche de sortie qui sert de support à la restitution individuelle faite annuellement à chaque agriculteur suivi.

Des cultures différentes selon les territoires

Les cultures choisies par les acteurs locaux sont les productions considérées comme les plus stratégiques ou emblématiques de chaque territoire. Ces dernières années, les aléas climatiques et la pression des bioagresseurs ont entraîné l’abandon du suivi de certaines cultures et leur remplacement ; c’est le cas par exemple de l’agrumiculture, suite à l’arrachage des vergers victimes d’une maladie s’étant répandue rapidement.

  • En Martinique, les cultures retenues sont la cristophine, l’igname, la tomate de plein champ, la patate douce et le pitaya.
  • En Guadeloupe, les partenaires ont retenu l’ananas, la banane plantain, la laitue de plein champ, la tomate de plein champ et la patate douce.
  • À La Réunion, les suivis concernent l’ananas Queen Victoria, la mangue José, le fruit de la passion, l’oignon et la tomate hors-sol sous abri.
  • En Guyane, le choix s’est porté sur la lime Tahiti, le concombre de plein champ, la laitue sous abri et la patate douce.
Ananas
oignons rouges

La finalité : construire des cas-types

Pour chaque culture suivie, un cas-type présente un itinéraire technique donné et ses performances techniques et économiques attendues pour un cycle cultural, dans un contexte pédoclimatique et un environnement socio-économique donnés. Il a été co-construit à partir de l’expertise d’agriculteurs et de techniciens, acquise grâce aux données issues de suivis pluriannuels réalisés auprès d’un échantillon de producteurs.

Un cas-type est avant tout un outil pour le conseil et un support de dialogue entre le technicien et l’agriculteur qui souhaite améliorer ses performances ou se lancer dans une production. Il permet aussi de simuler des changements de système ou de prix, et d’évaluer l’impact de ces changements.

À l’issue de plusieurs années de suivis réalisés avec la dernière version de l’outil qui intègre les charges de structure et permet ainsi de calculer les coûts de production, les RRDV viennent de publier 4 premiers cas-types : ananas Queen Victoria, oignon Rose Bourbon et mangue José à La Réunion, patate douce en Martinique.

Déterminer un coût de production, une méthode originale

Dans les départements ultramarins, l’agriculture est très majoritairement une agriculture familiale, conduite sur de petites surfaces (SAU moyenne pour les 5 DROM : 5 ha, source Odeadom), qui privilégie le circuit court (72 % pour les 5 DROM, source Odeadom).

Du fait de l’absence de référentiels technico-économiques, on ne dispose pas de références moyennes sur les productions ou les exploitations de ces territoires.

La complexité fréquente des systèmes d’exploitation amène les RRDV à travailler à l’échelle de la parcelle (ou de la serre) et du cycle de production, et non à l’échelle de l’exploitation. On s’intéresse donc aux pratiques culturales et aux itinéraires techniques mis en œuvre par l’agriculteur.

Le coût de production est un indicateur ramené à l’unité produite, qui permet de vérifier la rentabilité d’une production dans les conditions de l’exploitation suivie. Obtenu en additionnant l’ensemble des charges, y compris un niveau de rémunération du chef d’exploitation, ramenées à l’unité de production (€/100 kg), il est plus informatif que le simple calcul des marges brutes et nettes à l’hectare.

« Mon temps, c’est de l’argent »

C’est le principal retour d’expérience des producteurs qui participent à ces réseaux. Ils prennent conscience de la valeur de leur travail, qui dans un contexte de faible mécanisation, rend parfois certaines productions d’une rentabilité limitée. La restitution des résultats est aussi l’opportunité de bénéficier d’une observation critique de ses pratiques, de se comparer avec des pairs et le cas échéant de modifier son itinéraire technique pour améliorer les performances et le revenu.

Pour aller plus loin

Téléchargez les 4 cas-types :

Des documents méthodologiques permettent de comprendre comment sont produits ces cas-types et comment lire et interpréter les données.

Guide de lecture cas-typesMéthode Marges et coût de production

Contact :

Mathilde Heurtaux

mathilde.heurtaux@acta.asso.fr

Partenaires :

Partenaires nationaux : Acta – Idele

Partenaires régionaux :

  • Guadeloupe : IT2, Chambre d’agriculture de Guadeloupe
  • Guyane : IFIVEG, Agriphylle, Agro-Conseil
  • Martinique : Chambre d’agriculture de Martinique
  • La Réunion : Armeflhor, ARIFEL, Chambre d’agriculture de La Réunion

Financement : ODEADOM

odeadom