Biodiversité et agriculture, les enseignements clés de 6 ans de travaux
Contexte / Enjeux
La biodiversité se définit comme la diversité du vivant sous toutes ses formes (espèces, habitats, écosystèmes).
En France, l’agriculture, par son emprise sur le territoire (45% de surface agricole utilisée – source, INSEE 2019), joue un rôle incontournable pour préserver et renforcer la biodiversité remarquable et ordinaire. Les services rendus par la biodiversité (pollinisation, régulation des bioagresseurs…) sont des piliers majeurs des systèmes de production agroécologiques pour préserver et renforcer la biodiversité remarquable et ordinaire. Les services rendus par la biodiversité (pollinisation, régulation des bioagresseurs…) sont des piliers majeurs des systèmes de production agroécologiques.
Comment parler de biodiversité avec les agriculteurs ? Comment faire le lien entre la biodiversité et les performances technico-économiques des exploitations agricoles ? Comment passer à l’action pour mieux prendre en compte la biodiversité dans les pratiques agricoles ?
Autant de questions auxquelles ont tenté de répondre les membres du Réseau Mixte Technologique (RMT) Biodiversité et Agriculture pendant 6 ans (2014-2019) .
La biodiversité agricole, une notion complexe
L’Homme profite de la biodiversité, souvent sans le savoir ou le voir. Des services que l’on pensait immuables et gratuits viennent à manquer quand la biodiversité fait défaut : la pollinisation, la purification de l’eau, la lutte contre l’érosion des sols sont régulièrement cités. Vouloir éviter les embûches d’un monde sans vie nécessite d’assurer non seulement un suivi de la biodiversité, mais aussi de mieux qualifier ses effets bénéfiques ou néfastes. Il s’agit également de se positionner pour des systèmes de production agricoles qui visent explicitement à faire de la biodiversité une clé d’entrée des décisions prises par l’Homme. Ceci sera rendu plus facile si celle-ci est adossée à une valeur patrimoniale, morale ou marchande. Ce constat rend nécessaire le fait d’en faire un pilier explicite des performances que ce soit pour les activités agricoles ou industrielles.
Qui intéresse les agriculteurs
L’enquête mené par le réseau DEPHY en 2018 sur le sujet de la biodiversité auprès des agriculteurs de son réseau montre un fort intérêt et un besoin d’informations et de formations sur cette thématique.
92%
des agriculteurs enquêtés considèrent la biodiversité comme importante, voire cruciale
77%
ont identifié les auxiliaires de culture comme des aides précieuses dans la régulation des bioagresseurs
99%
ressentent le besoin de progresser sur la thématique de la biodiversité
Pour mieux intégrer la place de la biodiversité en agriculture, il faut imaginer puis mettre au point des approches, méthodes et outils pour qualifier puis quantifier, et même certifier, que la biodiversité est bien présente et fonctionnelle. C’est en lui rendant une place explicite dans les critères pour juger des performances des systèmes agricoles, voire pour piloter certaines pratiques, que l’on permettra sa mise en avant, la reconnaissance de sa place, et même de son rôle incontournable.
Les leviers d’actions pour favoriser la biodiversité
La biodiversité n’est pas un concept facile car il recoupe des notions variables selon les interlocuteurs. L’accompagnement des agriculteurs pour rendre les connaissances existantes plus accessibles et mieux comprendre l’intérêt de la biodiversité en lien avec les pratiques semble nécessaire.
Les dynamiques locales étant essentielles à la diffusion des informations sur la biodiversité, il paraît important de privilégier les approches multi-acteurs (agriculteurs, conseillers, animateurs territoriaux…). Cela contribue à la mise en réseau des exploitations comme cela aide à établir le lien avec les autres acteurs locaux.
Un bon moyen d’appréhender ces dynamiques locales et tout ce qu’elles entraînent, est de faire jouer les acteurs du territoire au jeu de plateau RURALIS® fruit d’un travail collectif mené par les membres du RMT « Biodiversité et Agriculture ».
Ce kit a pour objectif de faire un état des lieux des connaissances actuelles, de montrer de façon pédagogique et ludique la complexité et la diversité des conséquences de l’implantation d’infrastructures agro-écologiques dans une exploitation agricole, tant à l’échelle de la parcelle, que de l’exploitation et du territoire. Concrètement, il s’agit d’un jeu autour des infrastructures agroécologiques (haies, bandes enherbées et fleuries, mares…).
Collecter les données établissant un lien entre la biodiversité et les performances technico-économiques
La première étape est de collecter des références de biodiversité sur les exploitations pour élaborer les moyens de qualifier puis de quantifier l’état des services écosystémiques (avantages que retire l’Homme de la biodiversité et des écosystèmes (pollinisation, cadre de vie, etc.).
Pour que les données puissent être analysées et interprétées, cette collecte passe par la mise en place méthodes standardisées. Plus les données sont partagées, plus elles permettent des comparaisons entre les situations. De ces comparaisons on peut alors évaluer l’effet bénéfique ou néfaste de telle ou telle pratique sur une fraction de la biodiversité.
Une boîte à outils contenant les différentes méthodes utilisées pour étudier le contrôle biologique, la régulation des menaces biologiques, les fiches d’aide à la décision a ainsi été créée dans le cadre du RMT.
Associer tous les acteurs du territoire au travers de projets communs
Le RMT a co-élaboré un guide méthodologique pour agir en faveur de la biodiversité dans un territoire agricole. La démarche est celle du projet de territoire. Elle a pour objectifs d’acquérir et partager des connaissances sur la biodiversité, de sensibiliser collectivement aux enjeux liés à la biodiversité et d’agir dans des agro-écosystèmes complexes en préservant la biodiversité.
Le guide propose 5 étapes pour mener à bien un projet :
- Définir la problématique commune autour de la biodiversité ;
- Identifier et rassembler les acteurs potentiellement concernés ;
- Partager l’analyse de la situation et définir des indicateurs d’évaluation en prenant en compte les savoirs académiques et experts des participants et les enjeux des différents acteurs ;
- Concevoir et choisir des scénarios d’évolution et les évaluer a priori ;
- Élaborer un plan d’action pour mettre en oeuvre le scénario retenu.
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Pour aller plus loin
Le RMT (Réseau mixte technologique) Biodiversité et agriculture avait comme objectif général de contribuer au développement et à la promotion de systèmes agricoles respectueux de l’environnement, fondés sur la biodiversité et les régulations naturelles qu’elle favorise, afin de répondre aux principes de l’agro-écologie.
Animé par l’ACTA, INRAE et le CTIFL, il a réunit 71 structures partenaires (ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, instituts techniques agricoles, chambres d’agriculture, enseignement, bureaux d’étude et associations) à travers des groupes de travail :
- Régulation biologique des bioagresseurs
- Service de pollinisation et insectes pollinisateurs
- Méthodes d’évaluation globale de la biodiversité
- Conception et mise à l’épreuve de ressources pédagogiques