Contexte / Enjeux

Ce concept consiste à optimiser la production agricole en l’associant à la production d’électricité d’origine photovoltaïque. Il repose ainsi sur la notion de synergie entre production agricole et production d’énergie sur une même surface agricole.
Alors que la France s’était engagée à atteindre 40 % d’énergie renouvelable dans la production d’électricité d’ici à 2030, le développement du photovoltaïsme représente une réelle opportunité pour contribuer à la dynamique de production d’« énergie propre et d’un coût abordable ».

L’agrivoltaïsme : applications et effets

Séduisantes dans le contexte actuel de transition agroécologique et de diversification énergétique, les techniques associées à l’agrivoltaïsme sont encore expérimentales et sont déployées chez les agriculteurs sous forme de contrat et/ou en partenariat de recherche.

« Les premiers déploiements soulèvent en effet de nombreuses questions techniques, foncières, économiques et d’ordre sociétal. » indique Anne-Claire Vial, présidente de l’Acta.

Pour comprendre les effets réels des installations agrivoltaïques et l’intérêt de leur développement, l’Acta s’est rendue sur le terrain à la rencontre de 4 agriculteurs d’horizons divers.

Sylvain BERNARD, maraîcher diversifié en circuit court, nous parle de sa serre photovoltaïque. Il témoigne de la stabilisation de sa production et du rendement entre les différentes saisons. Cette installation lui assure une sécurité vis à vis du climat et ainsi une sérénité pour la vente toute l’année.

Anthony FREMIOT nous présente les bénéfices qu’il a constaté  suite à l’installation d’ombrières photovoltaïques dans la récolte de ses pivoines :

  • économie de 30% de la consommation d’eau (l’équivalent d’un bassin olympique par an),
  • augmentation de la production,
  • mode de récolte inchangé.

Vincent LESNIAK, Responsable du programme Pomme, Matériel Végétal & Conduite nous parle de l’ombrage des panneaux photovoltaïques mobiles qu’il a installé. Cette mise en place pose question puisqu’elle :

  • réduit l’induction florale,
  • baisse le rendement,

mais l’équipe de travail qui accompagne Vincent œuvre à multiplier les aspects positifs. Une économie de 20 à 30% d’eau sur un cycle cultural est déjà vérifiée.

Pierre ESCUDIÉ, vigneron, se demandait comment protéger la vigne face au réchauffement climatique.

Il y 60 ans, des double cultures étaient mises en place entre les vignes et les abricotiers (ou cerisiers). La qualité du vin était bien meilleure, plus doux, moins tannique. Un problème majeur était pourtant constaté : les arbres puisaient dans les même ressources du sol que les vignes.

L’installation d’ombrières photovoltaïques a été pensée afin de retrouver les aspects positifs de l’ombre des arabes sans leur côté négatif. Dès la première récolte, Pierre a constaté 1 degré de moins d’alcool dans les cépages.

L’agrivoltaïsme, comprendre ses impacts pour l’encrer dans une dynamique vertueuse

Comme l’indique le rapport de l’Ademe publié en avril 2022, la part du secteur agricole dans la production d’énergie renouvelable en France est déjà de 20 %, toute forme confondue. Les projets photovoltaïques sur les terrains agricoles sont en plein essor mais il est important de prendre en compte leurs impacts sur les activités agricoles pour les ancrer dans une dynamique territoriale vertueuse.

Les enjeux carbone sont omniprésents dans les réflexions et les travaux qui mobilisent les instituts techniques agricoles pour adapter les modèles de production de leurs filières. Certains instituts techniques agricoles sont en particulier impliqués dans la mise au point de techniques adaptées à l’agrivoltaïsme comme en témoignent l’intervention de Joël Merceron, directeur général de l’Idèle Institut de l’Elevage qui a présenté le guide pratique « agrivoltaisme et l’élévage des ruminants », pourquoi, pour qui ? paru en 2021, ou encore l’interview d’Anthony Fremiot (Terre de Pivoine), horticulteur dans le Var qui a mis en place un système d’ombrières mobiles développé en partenariat avec la société Ombréa et étudié avec l’ASTREDHOR, l’Institut des professionnels du végétal.

L’agrivoltaïsme était d’ailleurs le thème de Assemblée générale de l’Acta qui s’est tenue le jeudi 23 juin 2022. Lors de la conférence-débat «  : utopie ou opportunité pour l’agriculture ?», Christian Dupraz, directeur de recherche à l’INRAE et spécialiste de l’agroforesterie et de l’agrivoltaïsme, a exprimé combien il est important d’avoir conscience des limites du couplage entre agriculture et production d’énergie photovoltaïque et de définir ce que l’on entend par agrivoltaïsme. Ce concept consiste à optimiser la production agricole en l’associant à la production d’électricité d’origine photovoltaïque. Il repose ainsi sur la notion de synergie entre production agricole et production d’énergie sur une même surface agricole. L’installation photovoltaïque doit apporter un service en réponse à une problématique agricole et doit être réversible.

« Pour éviter l’effet d’aubaine, il est nécessaire d’avoir une approche territoriale et d’intérêt général, pour associer les acteurs locaux et faire émerger des modèles économiques viables et équitables de manière à pouvoir en faire bénéficier collectivement les agriculteurs ou au moins le rendre accessible à tous les agriculteurs qui le souhaitent, et ce, quelle que soit leur situation géographique » indique Martin Lechenet (coopérative Alliance BFC), qui accompagne des projets et des agriculteurs en grandes cultures.

« La pérennité des exploitations agricoles et le maintien de la vocation agricole des terres utilisées en agrivoltaïsme doivent être assurés, iI en va aussi de l’attractivité des métiers agricoles » précise Mikael Naithlo (Chambre Agriculture France).

On peut alors imaginer qu’un observatoire national des pratiques de la filière photovoltaïque en agriculture serait utile pour poursuivre le travail réalisé par l’Ademe et mieux prendre en compte l’intérêt des agriculteurs.