Alors que la demande citoyenne en produits alimentaires sous signe de qualité et vers plus de « naturalité » reste forte et diversifiée, et ce malgré un ralentissement des ventes rencontré en 2021 pour certains secteurs du marché bio en France*, les instituts techniques agricoles réaffirment leur engagement pour développer l’agriculture biologique et les systèmes agroalimentaires durables.

Le réseau des ITA gère un dispositif expérimental pluriannuel de plus de 200 sites. 

À l’écoute de l’évolution des attentes des consommateurs, et visant la viabilité des exploitations agricoles et des systèmes alimentaires, les instituts techniques agricoles contribuent activement à l’émergence de l’innovation et accompagnent la transition agroécologique. Ils mettent au point des innovations techniques, des itinéraires techniques et des systèmes de production en interaction avec des réseaux d’agriculteurs innovants et en partenariat avec les autres acteurs de la R&D pour contribuer à produire durablement une alimentation saine et variée et atteindre un équilibre entre performances économiques, environnementales et sociales. L’agriculture biologique est une des voies possibles contribuant à la transition agroécologique des systèmes agricoles et mais elle peut être, comme les autres formes d’agriculture, confrontée à des difficultés techniques ou économiques, limitant sa progression. La production française issue de l’agriculture biologique ne couvre pas la totalité des produits Bio consommés en France : 1/3 est encore importée*.

Pour répondre aux questions des agriculteurs en Bio mais aussi pour capitaliser sur les techniques utilisées en Bio, qui pourraient contribuer à améliorer la durabilité de toutes les agricultures, les 18 instituts techniques agricoles, dont l’ITAB et leur tête de réseau Acta sont pleinement impliqués dans la production et la mise au point de références utiles et utilisables par tous les agriculteurs.
Le réseau des instituts techniques agricoles dispose ainsi de plus de 200 sites d’expérimentation en propre ou en partenariat (station expérimentale, ferme pilote ou site chez des producteurs, …) dans lesquels les itinéraires techniques vertueux, en Bio, en conventionnel ou autres modes de production (ex. agriculture de conservation des sols…) peuvent être évalués et mis à l’épreuve du terrain.

Les sites concernent l’ensemble des filières (agroforesterie, algues, betteraves à sucre, céréales, cidriculture, fruits & légumes, horticulture, lin, oléoprotéagineux, plantes à parfum, aromatiques et médicinales (PPAM), pommes de terre, viticulture, filières d’élevage monogastrique (porc, volailles) et filière d’élevage de ruminants). Les thématiques abordées concernent de nombreux sujets techniques : l’évaluation des variétés en Bio, la fertilisation organique, la gestion de la fertilité des sols, la gestion des bioagresseurs, la conservation & stockage des productions, la qualité des produits, le bien-être animal, la santé animale, ou encore l’autonomie alimentaire. (cf. carte des sites expérimentaux en Bio – source Acta-ITAB 2021 ci-après).

Pour élaborer des références en Bio, il faut s’inscrire dans le long terme

L’investissement des structures de R&D sur le long terme est primordial pour bâtir des références technico-économiques à l’échelle de territoires et transposables à d’autres contextes pédoclimatiques. Plusieurs instituts techniques pilotent ainsi depuis plus de 10 ans des dispositifs en Bio. Citons par exemple, les expérimentations dans les stations d’Arvalis à Boigneville (91) où une microferme en Bio permet de comprendre les facteurs de durabilité de l’agriculture biologique en grande culture sans élevage. Une autre à Jeu les Bois (36), en collaboration avec les chambres d’agriculture de la région Centre, installée depuis 1995 teste et améliore grandeur nature les performances d’une exploitation en production de bovins viande.
Terres Inovia a mis en place depuis 2020 un observatoire agronomique pour sécuriser la production de colza en agriculture biologique (projet SéColBio) et collabore avec l’institut technique Armeflhor pour le développement d’une filière de soja Bio sur l’Ile de la Réunion. L’IFPC suit depuis plusieurs années 9 vergers cidricoles dont 2 en Bio pour étudier et concevoir « le verger cidricole de demain».

Le dispositif «INOSYS Réseaux d’Elevage », fruit de la collaboration entre l’Idele-institut de l’Élevage l’ITAB et les Chambres d’agriculture, s’intéresse depuis plus de 15 ans à l’élevage biologique de ruminants. Il suit plus de 250 fermes biologiques dans une diversité de filières, de systèmes et de contextes, soit 19% du total des suivis réalisés. Les suivis et les références produites portent sur les aspects technico-économiques, les coûts de production, mais aussi des indicateurs environnementaux (bilan carbone, bilan azoté, autonomie protéique). Une collection de cas types décrit la diversité des modes de production et offre des références indispensables aux porteurs de projets. Chaque année une analyse des coûts de production en élevage laitier biologique est réalisée pour nourrir la réflexion interprofessionnelle. Des travaux spécifiques ont porté sur la résilience des élevages biologiques à partir de ces mêmes suivis « INOSYS » et de l’analyse de bases de données des organismes e conseil. C’est aussi le cas pour le programme R&D Reine Mathilde, projet collaboratif initié en 2010 avec Idele-Institut de l’élevage et fédérant les acteurs de la Bio pour acquérir, disséminer, et conforter collectivement les avancées techniques. Cette démarche profite à l’ensemble des acteurs du secteur laitier Bas-Normand, Bio comme conventionnel, tout en disséminant les acquis sur le plan national.

Les ITA doivent pouvoir disposer d’outils pérennes permettant de réaliser des comparaisons sur plusieurs années. Ceci est rendu possible dans l’intérêt général, grâce à une politique de soutien à la hauteur des enjeux de durabilité et de souveraineté alimentaire et de l’ambition affichée au niveau européen dans le cadre du pacte vert adopté par l’Union européenne en mai 2020 et de la stratégie « de la ferme à la fourchette » ; Les ITA y candidatent régulièrement au travers d’ appels à projets.

Quels sont les moyens consacrés par la recherche appliquée au Bio ?

Les ITA consacrent ensemble 120 équivalents temps pleins (ETP) par an pour la production de références en agriculture biologique. Par ailleurs l’ITAB, qui y affecte la totalité de ses moyens, mobilise l’équivalent de 100 ETP supplémentaires via son réseau de partenaires ITAB Lab. Les instituts techniques par la collaboration avec d’autres partenaires (chambres d’agriculture, coopératives, lycées agricoles,…) en France ou en Europe, démultiplient ainsi l’expertise mobilisée sur le Bio.

À ces travaux qui peuvent sembler spécifiquement dédiés à l’agriculture biologique, il convient d’ajouter la production de références utiles à plusieurs modes de production. Par exemple, les travaux sur la connaissance des bioagresseurs et des auxiliaires, les moyens de lutte non chimique (désherbage mécanique, refroidissement des grains au stockage, biocontrôle, rotations, écologie sensorielle, étude sur le microbiote, ….), les observations sur la biodiversité, l’impact des pratiques culturales sur les propriétés du sol, l’agriculture de conservation des sols, les leviers d’adaptation au changement climatique, l’évaluation multicritères, les analyses de cycle de vie, l’évaluation de l’impact carbone, les déterminants de la qualité des productions,….etc. Tous ces travaux s’adressent à tous les agriculteurs quel que soit leur mode de production. Dans une première approche, on peut estimer que 50% au moins des travaux conduits par les ITA servent aussi l’agriculture biologique. Il est à noter que l’inverse est vrai aussi. C’est-à-dire que beaucoup de techniques mises au point spécifiquement pour l’agriculture biologique inspirent les conventionnels, C’est le cas pour le désherbage mécanique ou plus globalement non chimique, où le savoir des agriculteurs en Bio a largement inspiré les agriculteurs pratiquant d’autres modes de production.

Pour amplifier et développer les synergies entre le Bio et le non Bio

Cette complémentarité invite à développer les interactions entre les modes de production dans le but d’enrichir le référentiel des pratiques utiles à tous les agriculteurs, quel que soit leur choix de mode de production, mais elle interroge aussi sur les modalités d’identification d’une solution d’un système utile à un autre système, sur le transfert et l’appropriation de ces références croisées, … Autant de questions qui nécessitent à la fois un inventaire des solutions partageables mais aussi une analyse des facteurs et des modalités explicitant le transfert et l’appropriation de ces références croisées.

Dans le cadre du PNDAR 2022-2027, les ITA se sont ainsi engagés dans le programme collectif « Synergies pour la production, la transposition, le transfert et l’appropriation de références entre les modes de production Bio et non-Bio » copiloté par l’Acta et l’ITAB sur 6 ans avec l’objectif d’étudier, de favoriser et d’amplifier les synergies entre agriculture biologique et agriculture conventionnelle.
En complément d’un inventaire exhaustif des références devant et pouvant être partagées et décloisonnées, quatre thématiques ont été retenues pour mettre au point des outils et des méthodes pour faciliter les transferts entre les producteurs Bio et non Bio :

– Le bouclage des cycles ;
– L’autonomie alimentaire et protéique ;
– La santé animale ;
– La santé des plantes.

Ces quatre grandes thématiques permettront d’aborder sans doute des sujets aussi variés que :
– Le développement de pratiques agroécologiques dans le domaine de la protection des cultures favorisant les régulations naturelles (biocontrôle, réduction de la dépendance au cuivre en vigne…) ;
– L’évaluation de nouvelles variétés plus économes en intrants (eau, fertilisants, …) et plus résistantes aux bioagresseurs ;
– L’approche systèmes visant à coupler les productions animales et végétales pour optimiser la fertilisation
– Des techniques d’élevage préservant le bien-être animal et valorisant les ressources alimentaires locales (protéines en particulier) ;
– Les technologies issues du numérique (capteurs, systèmes d’information, robotique…) pour faciliter le travail des agriculteurs et améliorer la précision des interventions agricoles ;
– La recherche de systèmes de cultures prospectifs productifs et à haute valeur environnementale.

*Les chiffres 2021 du secteur bio dans le Dossier de presse juin 2022 de l’Agence BIO, indiquent une baisse pour la première fois des ventes en bio dans la grande distribution ( -1,3%). Pour en savoir plus : Rapport de la cour des comptes du 30 juin 2022

Carte expérimentations biologiques des instituts techniques agricoles - AB 6 Agriculture biologique
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